Je sais ce qu’elle ressent, je sais qu’elle veut partir, courir toujours droit devant elle jusqu’à se laisser emporter par la neige. Je le sais cependant que je plante mes dents dans son cou.
Ma vengeance, ma tendre vengeance, qui se prélassait en attendant son heure jaillit enfin de mes mâchoires.
Je sens sa vie, son sang couler dans ma gorge. Je lui avais dit que je serai prête à tout pour elle, je ne suis pas une parjure, contrairement à elle, je sens l’acide de sa trahison se rependre dans mes veines brûlantes.
Celui qui a dit que la vengeance est un plat qui se mange froid ne doit pas être familier des vampires, il est tellement plus agréable de sentir la proie s’éteindre entre ses bras, comme une liaison tragique.
Je lui avais dit que rien ne nous séparerait jamais, nous aurions pu être unies par la vie nous voilà unies par la mort : la sienne et celle de mes cellules.
Ceux qui croient les vampires éternels n’ont pas dû comprendre que ce n’est qu’un sursis, un moyen de tenir artificiellement ses cellules en l’état jusqu’à devenir poussière pour de bon.
Gorgée de son sang de traitresse je suis invincible.
J’entends son cœur qui bat encore un peu, j’espère qu’elle souffre le martyr.
Je ne suis pas capable de pitié, je ne suis pas miséricordieuse. Je ne suis qu’un monstre comme les autres.
Tandis qu’elle meurt je lui chuchote à l’oreille les mots qui font mal, je sais que malgré les années elle ne l’a pas oublié, et moi non plus.
Je sais que je peux la faire mourir de douleur, je sais qu’à cet instant précis elle est totalement désespérée.
Alors je la laisse étendue dans la neige, à mourir de froid et de bien d’autres tourments. J’entends son âme s’envoler et je rie doucement en courant à travers la tempête.