Mardi 13 janvier 2009 à 21:29

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Je suis venue au monde il y a bien des années de cela. Ma vie humaine a été fade et sans éclat, à vrai dire je m'en souviens à peine. Je crois que c'est ainsi, pour ceux de ma race. Les premiers temps, on se raccroche à ses bribes d'humanité, comme si cela avait du sens, comme si c'était précieux, pour mieux nier l'évidence. Et puis on se résigne. On admet. Et on devient une bête.
Je me souviens nettement mieux de ma mort, comme vous l'appelez vous autres mortels. Ma transformation.
C'était une agression, ou quelque chose comme ça, une attaque sordide aux motifs dont tout le monde se moque puisque les responsables sont morts depuis bien longtemps (j'y ai personnellement veillé). Ils eurent la malheureuse (pour eux) idée d'attenter à ma vie. J'aurai pu les laisser faire. Ce n'est pas comme si ma vie avait jamais eu une valeur. Mais j’avais trop peur de mourir.
Alors que l’adrénaline brûlait mes veines, le souffle commençait à me manquer, et cela s’éveilla. J’ai mordu la main qui me bâillonnait et presque malgré moi me suis mise à laper le sang qui perlait de la plaie, son cœur battait de plus en plus fort, il était comme paralysé, et le sang coulait et coulait, je sentais mes forces s’accroitre imperceptiblement. Le temps semblait s’écouler plus lentement, et mes perceptions se métamorphosèrent à jamais.

Gorgée, repue de son hémoglobine, je parviens à faire mordre la poussière à ses complices (à moins qu’ils ne fussent que deux ? tout est si flou…), qui n’ont sans doute pas réalisé ce qui leur arrivait. Et moi non plus.


Mon espèce était encore peu répandue. Je ne comprenais pas, ne pouvais comprendre, ce qui m’arrivait. Lorsque j’ai voulu rejoindre les humains on m’a déclarée possédée et on a tenté de me traîner sur les braises. Je n’ai laissé dans mon sillage que des cadavres.

Cependant, j’ai commencé à appréhender ce que je suis, peu à peu. Cela me prit des mois, des années, le temps n’avait plus de valeur, j’ai manqué plus d’une fois de perdre la raison. Et puis la vérité s’imposa. J’étais différente. Je le serai sans doute à jamais.

Ceux qui furent mes semblables étaient désormais mon gibier, mes proies, ma nourriture.

je décidais de partir à la recherche de ceux que vous appelez des Wampyrs. J’étais en quête de repères, à défaut de réponses. Je voyais bien que je ne vieillissais plus, je voyais bien que je pouvais courir des heures sans relâche pourvu qu’il y eu du sang en moi, parfois je ne dormais pendant des jours et des nuits.

Les Wampyrs se reconnaissent entre eux. Ils entendent leurs cœur respectifs battre lentement, ne tenant qu’à l’adrénaline de leurs victimes.

J’ai cherché longtemps. Les miens étaient décevants, guère plus que des animaux, empoisonnés par la soif du sang.

J’ai préféré rester seule.
Je me laissais aller à mes instincts de prédateur, inexorablement, devenant peu à peu cet animal que j’avais méprisé chez les Wampyrs que j’avais croisé. Il était si simple d’être un fauve pour ne plus avoir à penser. Penser devenait douloureux, un monologue éternel, à défaut d’altérité, mon esprit se figeait, à l’instar de mon corps.

Je n’imaginai pas que je puis me forger un compagnon. Je ne savais pas pourquoi j’étais dans cet état, je ne m’imaginai autrement que seule. Je laissais mes victimes pour mortes, sans chercher à « jouer » avec. Sans tenter d’expériences. D’autres l’ont fait pour moi.


Il est venu me trouver alors que je guettais une proie, immobile au creux d’un arbre. Il me semblait que j’étais plus vieille que le monde, il me semblait que je n’avais jamais rien été d’autre que cette machine à tuer.
Il s’est mis à me parler en cette langue commune que je croyais avoir oublié. Il me dit qu’il me cherchait, qu’il m’avait toujours cherchée, et que j’étais là à présent.
Si mes reflexes n’avaient pas été aussi aiguisés, il est certain que j’aurai chu du mon perchoir.

Mercredi 7 janvier 2009 à 19:04

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Ils marchaient côte à côte, lentement. C’était un instant volé, ils ne se connaissaient pour ainsi dire pas, se croisaient sans se parler comme tant d’âmes se côtoient.
Elle souriait doucement, à personne. Elle était contente.
Ils parlaient très vite, se coupaient, craignant de ne finir leur phrase, leur idée, avant d’être séparé.
C’était un instant comme ça, un lambeau de hasard.
Soudain, à son sourire qu’elle ne parvenait pas à réprimer, il lui prit le bras et la força à pivoter pour le regarder dans les yeux.
- Tu ne serais pas amoureuse de moi quand même ?
C’était une phrase comme ça, une idée débile et prétentieuse qui venait de lui traverser l’esprit. Il la regrettait déjà.
Elle posa sa main sur son bras et le regarda avec la plus extrême condescendance.
- Ne me dis pas que tu l’ignorais, quand même.
Sentant qu’elle en avait trop dit, ses yeux se voilèrent, elle se dégagea et s’est dissolue dans la foule, lutine urbaine.
Il garda le bras en suspension quelques instants, comme sonné, puis le laissa lourdement retomber le long de son corps. S’il s’était attendu à ça.
Il reprit alors sa démarche soucieuse, un peu perdu, ne sachant plus très bien où il allait.

Mercredi 7 janvier 2009 à 14:15

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Elle s’affalait sur le fauteuil, une jambe sur l’accoudoir. Très vulgaire. Et très inconnu pour quelqu’un occupant actuellement mon fauteuil dans ma maison. Elle m’adressa un sourire acéré tandis que je la toisais.
- Marta m’a laissée entrer. M’a-t-elle dévoilé, en désignant mon épouse qui s’affairait dans la cuisine d’un signe de tête.
- Au fait Marta, je dîne dehors ce soir ! Me fais rien, merci.
Elle s’adressait à mon épouse avec la plus grande familiarité, or je ne l’avais jamais vue ni ne pensais ne jamais en avoir entendu parler, en vingt ans de mariage. Cette jeune fille était vraisemblablement un OVNI.
Je me glissais dans la cuisine et demandais à ma femme tout bas qui était cette étrange jeune fille qui me fixait de ses prunelles de braises teintées d’amusement.
- Mais si chéri, tu sais bien, c’est l’amie de la fille de… Tu l’as rencontrée au mariage de.. Et ma femme m’adressa un grand discours sans queue ni tête.
Sentant un regard posé sur moi, je me retournai et vis l’étrangère me regardant d’un air moqueur.
- ça n’a aucun sens, ce qu’elle raconte, n’est-ce pas ?
Elle passa la langue sur ses dents.
Ma femme continuait à arguer en moulinant dans le vide, bien que je lui tourne le dos et parle avec l’intruse. Surprenant mon regard en biais, la jeune fille précisa
- Elle n’est pas prête de s’interrompre. Elle éprouve un besoin irrépressible de vous raconter son baratin incohérent, que vous l’écoutiez ou non. Mais pas de panique, le dîner sera prêt à temps.
- Qui êtes-vous ?
C’était une entrée en matière comme les autres.
- Vous n’avez qu’à m’appeler Lucy, répondit-elle en me tendant sa main pleine d’ongles taillés comme des griffes.
Il y avait quelque chose dans son sourire que je ne cernais pas.
- Vous fumez ? me demanda-t-elle en me tendant un paquet à demi-entamé.
- Non merci, j’ai arrêté. Trop mauvais pour la santé.
- Eh bien moi, ça me maintient en vie ! rétorqua-t-elle avant d’éclater d’un rire exhalant un nuage de fumée.
Marta, d’ordinaire si à cheval sur le fait que PAS DE CANCER DANS SA MAISON, ne sourcilla pas.
Comme si elle devinait mes pensées, la dérangeante ajouta :
- Vous n’avez pas à vous en faire pour ça. Je l’ai ensorcelée. Ce qui eut l’air de la faire rire de plus belle.
- Vous avez le droit de comprendre ce qui vous arrive alors je vais vous expliquer. Passons dans le salon, Marta ne devrait pas tarder à se taire.
J’ai à passer quelques jours en ville, et je me trouve donc dans l’obligation de trouver un endroit pour dormir. Je n’aime pas les hôtels et je n’aime pas tuer les habitants pour loger chez eux, je trouve ça indécent. J’ai donc ensorcelée votre femme pour qu’elle croie que nous sommes de vieilles connaissances. Ne vous inquiétez pas, ça n’a aucun effet secondaire. Et bien que vous ne me croyiez pas, inutile d’essaye de tout raconter à votre femme. La plupart des sortilèges de ce genre sont compliqués, plein de détails à faire ingurgiter à la victime pour que ça ait l’air cohérent… Du coup, il suffit de faire prendre conscience à la victime qu’elle a été enchantée et le sortilège se dissipe. Moi, le mien ne tient pas debout, mais l’entendement est son point fort. Plus vous répéterez à votre femme qu’elle a été enchantée par un méchant vampire, plus elle croira que vous avez perdu la raison. Plutôt cocasse non ? Bien sûr vous ne vous souviendrez de rien lorsque je partirai, d’ailleurs vous n’en aurez pas envie, croyez-moi. Pas de séquelles, pas de cadavres dans le jardin. Comme si je n’avais jamais été là.
Vous vous demandez pourquoi votre femme et pas vous aussi ? Voyez-vous, je n’ai jamais aimé les interdits. Alors lorsqu’on me dit de ne pas jouer avec la nourriture…
Et encore ce sourire plein de crocs.
- Bien sûr votre cerveau refuse d’y croire. Vous vous rendrez compte que c’est la seule explication rationnelle, si j’ose dire. Bon, je sors dîner. J’ai une faim de chauve-souris.
En un coup de vent, elle n’était plus là. La maison sentait bon la soupe. Elle avait laissé quelques gouttes de sang sur MON fauteuil.

Lundi 5 janvier 2009 à 22:27

 
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Le sable s’écoule entre mes doigts. Les nuages s’effrangent. Je suis bien.
Le gamin court vers moi, crie mon nom, un cornet glacé dans chaque main.
Je souris entre douleur et douceur, entre pesanteur et grâce, il est trop loin.
Nous sommes seuls. C’est la morte saison. Au bord de la plage le bitume et les feuilles flamboyantes.
J’ai un peu froid, voudrais serrer l’enfant contre moi.
Je ne sais pas pourquoi je suis ici. Je sais juste que c’est toujours mieux qu’ailleurs.
Ils finiront bien par me rattraper, en attendant je m’échappe.
Fall.
Lui, moi, le bruit des vagues. Nous sommes seuls. Il s’endort dans mes bras.

Lundi 5 janvier 2009 à 12:45

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Je ne sais plus si je vais te survivre ou pas et cela n'a plus réellement d'importance. J'ai tellement peur mais il faut bien continuer à mourir.
Je ne m'inquiète plus de ce que tu es, je n'ai plus le choix. Elle m'a poussée au pied du mur, elle m'a obligée à regarder la voiture foncer sur moi à 150 kms/h et s'écraser à quelques mètres de mes yeux tremblants. Je ne voulais pas partir sans toi.
Tout cela est trop faux pour être vrai.
Je vis sous adrénaline, je vis en ton absence, je vis sous perfusion et sous tranquillisant, on m'injecte de la drogue pour que je reste calme sinon tu sais que je réduirai en miettes leurs forteresses pour te retrouver.
Ils forcent mon coeur à battre pour mieux l'arrêter, je n'en peux plus de mourir de toi.
Cette tanière où elle me retient, comme si j'étais un autre de ses joujoux, je la détruirai, je m'abreuverai d'adrénaline et de son sang encore chaud jusqu'à la lie, puis je lui arracherai chaque chose qui lui est chère, une à une, jusqu'à ce qu'il ne lui reste que des orbites vides pour ne pas pleurer, comme elle m'a éloignée de toi, comme elle a mis mon coeur sous verre. Je te l'avais dit, je t'avais dit que je brûlerai ses doigts crochus, vernis de rouge comme des griffes, ses mains avides et toujours à œuvrer pour sa satisfaction et pour priver les autres de leur dû, ses bras qui te serrent et qui t'étouffent, ce buste généreux, remplit de haine, d'envie et comme gonflé de tout ce qu'elle a volé, cette femme que je ne rêve que de pousser par dessus la falaise.
Je la mordrai jusqu'à voir le sang perler, je te jure.
Je ne suis semblable à nulle autre, je sais que tu es spécial.
J'ai peur, et tous cesp oisons dans les veines...
Puisque tu n'es pas en état de me sauver, je te jure que je me sauverai moi même. Et alors il n'y aura pas de cachette assez sûre pour elle de par le monde, car je la traquerai jusqu'à ce que le Soleil nous engloutisse, et enfin, enfin elle ne connaitra jamais le repos, tandis que nous la pourchasserons sous l'œil clément de la Lune.

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