Jeudi 19 août 2010 à 18:45

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Il ne faut pas chercher l'échec du système éducatif français dans la démission parentale (grand crédo de culpabilisation des femmes qui commettent le crime d'avoir l'ambition de gagner leur indépendance), dans les réformes du programme scolaire (malgré leur talent à réaliser des changements cosmétiques, histoire que tout change un peu pour que rien ne change vraiment) ou dans le réchauffement climatique. Le problème, c'est que certains profs sont des gros assistés. N'importe quelle fourmi pourra en attester.

Pas étonnant que les jeunes ne s'intéressent pas aux cours qu'ils trouvent ringards. Par exemple, comme nous l'avons déjà souligné l'année précédente, le prof est souvent allergique à Internet. C'est leur droit. Seulement, ils ont l'air de croire que les petites fourmis de librairie sont des crypto-responsables maintenance des sites des éditeurs. Ils expliquent par exemple qu'ils n'arrivent pas à rentrer leur mot de passe sur le site F*****. Chère Madame, si vous avez des problèmes de cookies, appelez votre fils, moi je suis pas la hotline. Pire, le prof semble incapable de faire une recherche Google, puisque lorsqu'on lui dit que le guide pédagogique est disponible en ligne, il demande anxieusement à ce qu'on lui note l'adresse. Et si vous alliez sur le site de l'éditeur, c'est peut-être un indice ça ? Notez bien que le prof est bourré de contradictions : il grogne quand le livre du professeur n'est pas gratuit (comment voulez-vous avoir en spécimen quelque chose qui n'est PAS destiné aux élèves ?) mais alors lorsqu'il est gratuitement disponible en ligne, il a le trouillomètre à 200.

Pas étonnant que les jeunes ne sachent plus écrire quand on sait que certains de leurs profs savent à peine lire. Il y en a qui ne la jouent pas stratégiques. Entendons-nous. Drôle d'idée de faire prof lorsqu'on est analphabète. Exemple typique. Le prof va voir la vendeuse, l'exemplaire de démonstration à la main, pour demander quand le guide pédagogique sort. On a envie de lui dire "vous voyez le papier scotché sur le bouquin que vous agitez ? Devinez-quoi ? C'est la réponse !". Les profs n'ont même pas la curiosité de lire ce qu'il y a marqué sur la couverture.

Pas étonnant que les jeunes manquent terriblement de maturité. Le prof est tellement un assisté qu'il a sans cesse besoin d'être rassuré. Par exemple, il n'hésitera pas à poser 3 fois la même question à 3 vendeurs différents, dans l'espoir sans doute que la réponse change. Il a même l'aplomb de reposer la question après qu'un collègue ait vérifié sur le logiciel de stock, qui donne comme chacun sait l'ultime réponse.

Pas étonnant que les jeunes n'aient plus de vocabulaire quand on voit que les profs eux-mêmes sont incapables de manier les subtilités de la langue française pour s'exprimer avec tact. Le prof étant un assisté économique, il commence généralement par demander s'il peut avoir des spécimens. Sauf qu'ils s'expriment avec la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaines, utilisant de gracieux idiomes tels que "qu'est-ce que j'ai gratuit ?" ou "vous m'offrez quoi ?" car la gratuité leur est due. Il y en a même qui en demandent deux, "pour l'offrir au stagiaire" qu'ils disent. Super cadeau que d'offrir quelque chose obtenu gratuitement : "tiens ma chérie, j'ai trouvé ça par terre, j'ai pensé à toi !" ou "tiens au supermarché il y avait une super promo, un acheté un gratuit ! Je te donne le gratuit !".

Pas étonnant que les jeunes passent leur temps à se plaindre comme s'ils étaient très malheureux. D'une façon générale, on a tendance à confondre la librairie avec les bureaux des pleurs. On a déjà évoqué les lamentations concernant les bugs du site de la maison d'édition, la politique commerciale, la fermeture des autres espaces pédagogiques, il y a aussi les jérémiades concernant le non-envoi de spécimens. Notamment les professeurs des DOM-TOM, en métropole pour les vacances, profitent de leur passage à la librairie pour demander à être inscrit sur les bases de données. Les fourmis ont l'air de pouvoir faire quelque chose contre la volonté de la maison d'édition d'économiser des frais de port ?

Pas étonnant que les jeunes soient de grosses feignasses. Les profs eux-mêmes semblent atteint de flemmite aigue. Cas concret : le prof demande quels livres ils peuvent avoir gratuits. La fourmi répond "bon ça c'est des nouveautés, vous pouvez les avoir en spécimens, mais ceux-là je ne crois pas qu'ils soient sortis cette année" (mise en situation : les livres qui peuvent être offerts sont devant la fourmi qui les tamponne de la mention spécimen, ceux qui ne peuvent certainement pas l'être sont devant la prof) et là la prof demande d'un ton aigre "vous pouvez vérifier ?" (chez les profs, l'option amabilité n'était pas en spécimen). Et vous, vous pourriez soulever la couverture pour regarder vous-même ? Autre anecdote : un prof qui a bien fait 10 aller-retours entre la caisse et les rayons pour connaitre les prix, les manuels proposés par la maison... sachant qu'il a le catalogue à la main où tout est indiqué.

Pas étonnant que les jeunes soient insolents. Les profs eux-mêmes ne manquent pas d'aplomb. Ils n'hésitent pas à faire des scènes pour économiser quatre euros ou pire, à proférer des demi-mensonges. Par exemple, une prof qui veut des spécimens (autant dire un pléonasme). On lui demande alors la liste de l'établissement attestant que ce sont les manuels employés par les élèves. Elle ne l'a pas bien, sûr. On consulte gracieusement la base de données des éditeurs. Les manuels adoptés sont Nathan. Et là, très sûre d'elle-même, elle sort "non mais je veux les faire changer." (mais bien sûr). Vous croyez qu'elle l'aurait signalé avant qu'on lance la recherche ?

Pas étonnant que les jeunes ne sachent plus rien. Nous avons eu un cas de demande de guide pédagogique (c'est-à-dire de correction) pour des exercices photocopiables de CM1. En gros, quelque chose que n'importe quel adulte ayant au moins le brevet est capable de faire sans problème. Les fourmis ont tellement été prises au dépourvu que l'hilarité a manqué poindre. Heureusement, l'une d'elles est parvenu à sauver la face par un subtile "j'avoue que c'est la première fois qu'on me demande ça".

Pas étonnant que les adultes détestent les jeunes. Les adultes eux-mêmes sont imbuvables. On retiendra cette cliente qui est restée une heure dans le magasin, demandant à écouter l'intégralité des comptines de trois albums avant de décider de ne pas les prendre, pour mieux monopoliser une vendeuse pendant dix minutes pour s'enquérir du meilleur itinéraire pour se rendre dans une autre boutique.

Annexe : les maths n'intéressent tellement personne qu'aujourd'hui, ils se sentent obligés de donner à leurs manuels des noms ambigües, comme "Odyssée" ou "Hyperbole". Copieur de littérature, va.
Par Hamaraa le Mercredi 25 août 2010 à 1:39
J'aime! Dommage que je ne puisse pas commenter au ligne par ligne! (j'adore ça!)
 

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