My funny Valentine.
Il y a si longtemps que je te connais que j’en perds la mémoire.
Ma conscience, mon double au coin du feu, une tasse d’ambroisie fumante entre tes mains tremblantes.
Je te souris mais je ne suis pas dupe, bientôt tu devras repartir.
J’ai perdu mon double, j’ai perdu mon temps à courir après des chimères. Peut-être était-ce pour te retenir.
Je me souviens de nos chevauchées sous la neige, des donjons se découpant dans l’horizon, des battues des dragons rasant l’herbe maculée de givre. Toi et moi étions fous, autrefois, lorsque ce lien nous unissait encore, lorsque les faunes nous emprisonnaient dans leurs sarabandes autour de ce grand feu de sabat, lorsque les princesses rougissaient sur notre passage tandis que grinçaient les armures, nos montures fourbues tenues par la bride.
Jamais, jamais je n’ai pu être si heureux que lorsque nous battions la lande, que lorsque nous nous prenions pour des paladins des temps anciens.
Ce feu de cheminée, parfumé de quiétude, qui transperce mes os lassés par le temps et ce que nous confondions avec les épopées de nos héros fantoches et retournés à la cendre depuis si longtemps que même le vent les a oublié. Je le sais car le zéphyr me l’a susurré, du temps où je pouvais encore faire parler les tempêtes.
Comme il est loin, ce temps, à présent…
Te souviens-tu, lorsque nous n’étions que deux rôdeurs, deux jeteurs de sorts, alchimistes, thaumaturges, selon la contrée que nous traversions en quête de quelques trésors oubliés, à la merci des éléments ?
Nous ne sommes plus que deux carcasses, je sais que au moment où tu franchiras le seuil de ma pauvre masure, jamais je ne te reverrai, rien ne nous unis à présent que nos pauvres souvenirs qui s’éteignent. Toi et moi ne sommes plus rien, ne serons plus jamais rien.
Je sais que je ne te manque plus, que je ne suis plus la moitié de toi-même, le bras qui porte ton épée tandis que tu brandis le bouclier, je sais que tu m’as déjà oublié, que tu n’es là que par politesse, comme on rend hommage à ses souvenirs en saluant des autels d’or et de cendres.
My funny Valentine, combien de fois avons-nous partagé le même lit sans se toucher, combien de temps nous sommes nous aimé sans nous l’avouer ? Et aujourd’hui encore, je…
My funny Valentine, tu étais mon mentor, mon autre moi-même, mais nous ne sommes rien à présent que des héros de papier comme ceux dont nous vantions les mérites autrefois. My funny Valentine, je sais que tu ne peux plus me regarder, que tu te souviens trop de ce que nous étions. Je sais que tu vas disparaître, m’entrainant à ta suite, comme un esclave rivé à tes chevilles que tu traineras dans la neige qui entoure ma bicoque, plantée au milieu de nulle part pour me rappeler ces temps où nous campions dans la steppe.
My funny Valentine, regarde-moi. My funny Valentine, tu es avec moi mais je vois dans tes yeux vitreux que tu es déjà parti, que tu n’en peux plus de ma présence.
My funny Valentine… Tu n’es plus là, tu me laisses une tasse à laquelle tu as à peine touchée et des souvenirs émaciés, ténus, diaphanes, ils s’effritent entre mes doigts. Tout comme moi…
Il y a si longtemps que je te connais que j’en perds la mémoire.
Ma conscience, mon double au coin du feu, une tasse d’ambroisie fumante entre tes mains tremblantes.
Je te souris mais je ne suis pas dupe, bientôt tu devras repartir.
J’ai perdu mon double, j’ai perdu mon temps à courir après des chimères. Peut-être était-ce pour te retenir.
Je me souviens de nos chevauchées sous la neige, des donjons se découpant dans l’horizon, des battues des dragons rasant l’herbe maculée de givre. Toi et moi étions fous, autrefois, lorsque ce lien nous unissait encore, lorsque les faunes nous emprisonnaient dans leurs sarabandes autour de ce grand feu de sabat, lorsque les princesses rougissaient sur notre passage tandis que grinçaient les armures, nos montures fourbues tenues par la bride.
Jamais, jamais je n’ai pu être si heureux que lorsque nous battions la lande, que lorsque nous nous prenions pour des paladins des temps anciens.
Ce feu de cheminée, parfumé de quiétude, qui transperce mes os lassés par le temps et ce que nous confondions avec les épopées de nos héros fantoches et retournés à la cendre depuis si longtemps que même le vent les a oublié. Je le sais car le zéphyr me l’a susurré, du temps où je pouvais encore faire parler les tempêtes.
Comme il est loin, ce temps, à présent…
Te souviens-tu, lorsque nous n’étions que deux rôdeurs, deux jeteurs de sorts, alchimistes, thaumaturges, selon la contrée que nous traversions en quête de quelques trésors oubliés, à la merci des éléments ?
Nous ne sommes plus que deux carcasses, je sais que au moment où tu franchiras le seuil de ma pauvre masure, jamais je ne te reverrai, rien ne nous unis à présent que nos pauvres souvenirs qui s’éteignent. Toi et moi ne sommes plus rien, ne serons plus jamais rien.
Je sais que je ne te manque plus, que je ne suis plus la moitié de toi-même, le bras qui porte ton épée tandis que tu brandis le bouclier, je sais que tu m’as déjà oublié, que tu n’es là que par politesse, comme on rend hommage à ses souvenirs en saluant des autels d’or et de cendres.
My funny Valentine, combien de fois avons-nous partagé le même lit sans se toucher, combien de temps nous sommes nous aimé sans nous l’avouer ? Et aujourd’hui encore, je…
My funny Valentine, tu étais mon mentor, mon autre moi-même, mais nous ne sommes rien à présent que des héros de papier comme ceux dont nous vantions les mérites autrefois. My funny Valentine, je sais que tu ne peux plus me regarder, que tu te souviens trop de ce que nous étions. Je sais que tu vas disparaître, m’entrainant à ta suite, comme un esclave rivé à tes chevilles que tu traineras dans la neige qui entoure ma bicoque, plantée au milieu de nulle part pour me rappeler ces temps où nous campions dans la steppe.
My funny Valentine, regarde-moi. My funny Valentine, tu es avec moi mais je vois dans tes yeux vitreux que tu es déjà parti, que tu n’en peux plus de ma présence.
My funny Valentine… Tu n’es plus là, tu me laisses une tasse à laquelle tu as à peine touchée et des souvenirs émaciés, ténus, diaphanes, ils s’effritent entre mes doigts. Tout comme moi…