Mercredi 6 mai 2009 à 21:35

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Bus. Chahut urbain, un gosse turbulent. Et si je le flinguais. C’est cette angoisse qui m’étreint le ventre par surprise, qui m’accule et me plie en deux, comme un voleur. C’est le goût des plaisirs coupables. Je sais que j’avais tort, mon temps est compté. Qu’est-ce que ça peut faire ? Je vois les gens et les choses et puis le temps qui passe… je suis juste tellement triste… toi et moi, qu’est-ce qu’on avait fait de mal ? toi et moi, qu’est ce qui va nous arriver… Ma vie tombe en lambeaux comme une peau usée d’avoir trop vécue, je ne sais plus quoi faire. Pourrais-je jamais te toucher à nouveau ? Toutes les femmes sont tellement cruelles, you could be my unintended choice but now you’re gone, que me reste-t-il de toi, un vieux chiffon tordu qui se moque de moi de l’avoir trop serré contre mon sein, croyant y retrouver un instant ton étreinte… Tu as le goût des plaisirs passés, des plaisirs volés… Qu’est-ce qui peut conduire une femme à tuer ? Qu’est-ce qui peut conduire une femme à se briser ? J’ai un couteau dans ma poche, j’aime bien l’arme blanche, presser le serpent froid du métal contre une jugulaire… Je voulais changer le monde, je voulais être héroïque… Alors j’étais dans ce bus, prête à faire exploser le monde, mon petit canif dans la poche, et j’ai pensé à toi, il y avait ce gamin hurlant et ça m’a énervé, alors j’ai appuyé la lame contre la gorge et enfin il s’est arrêté. Le temps aurait pu se suspendre mais je ne sais même pas si quelqu’un s’en serait aperçu. J’aurai eu le temps de descendre le laissant se vider de son temps avant que quelqu’un ne se mette à hurler et en lui cela aurait été le monde qui crie. Je me suis demandée : why someone have to die ? et j’ai pensé à toi à nouveau, les fantômes hurlaient dans mes oreilles, ils m’appelaient alors j’ai mis mes mains sur mes oreilles et je suis tombée à genoux mais ils ne voulaient pas s’arrêter, cette angoisse dans mon ventre dans ma chair je t’appelle… Le couteau dans ma poche est comme la mortelle soie qui fait ruisseler le sang et le Tibre charrie de l’hémoglobine… Je t’appelle.
Je suis descendue du bus, je tâte ma poche, l’aspic n’y est plus, je crois que j’ai planté le gamin. Il m’ennuyait.



Personne ne m’avait dit que ce serait facile. Jamais. Je suppose qu’il y avait trop longtemps que je n’avais pas souffert. J’imagine que je n’ai plus qu’à crier que je t’aime, encore et encore. Tu finiras bien par me répondre.
 

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