De toute façon, avec elle tout était faux. Quand ils m’ont demandé si je la connaissais, j’ai répondu non et je le pensais. Elle ne laissait rien voir d’elle-même. Elle empruntait des opinions à ses lectures, des goûts à ses amis, des impressions à des vitrines, elle se teignait les cheveux pour ne pas se ressembler. Bien sûr, nous avons fini par sortir ensemble, c’était inévitable lorsqu’on appartenait à notre cercle. A force de fréquentation, on finit par avoir des affinités, alors on jouait un peu au chat et à la souris avant de tomber dans les bras l’un de l’autre. En général, c’était décevant.
Elle embrassait avec les yeux ouverts en plus, comme si elle avait peur de perdre le contrôle. Je trouvais ça désagréable.
Elle était cruelle, c’est la seule chose que je savais d’elle. Elle ne s’abandonnait à mon bras lorsque nous croisions des admirateurs, rarement en privé (elle avait mieux à faire), elle m’oubliait avec désinvolture pour flirter avec le favori d’une rivale. Alors je ne peux pas dire que j’ai été surpris lorsqu’entre mes bras elle s’est adonnée à l’asphyxie. Je crois qu’elle était prête à n’importe quoi pour qu’on s’intéresse à elle. Elle se pâmé et soudain elle n’a plus respiré. Alors je suis parti, je lui devais bien ça.
Amicalement, S.