Toi, tu étais déjà lycéen, tu étais vieux, tu nageais dans l'indolence de ton âge, tu traînais souvent dehors, à l'entrée du lotissement, souvent lorsque je descendais les poubelles, prenais le courrier…, je te voyais en compagnie de quelques amis, quelques filles… ne crois pas que j'étais jalouse. Que voulais-tu que ça me fasse ? Je ne savais même pas ton nom, alors. Alors…
C'est toi qui es venu le premier sonner à notre porte.
Tu faisais le tour de l'immeuble, il me semble, tu proposais tes services aux locataires, tu économisais pour acheter un vélo, disais-tu.
À quoi destinais-tu réellement cet argent ? À des sorties et autres bricoles ? Aidais-tu ta sœur, qui avait sans doute du mal à joindre les deux bouts avec son salaire minable de retourneuse de sandwiches à mi-temps ? Ou fomentais-tu déjà de fuir ?...
Toujours est-il que ma mère, débordée, et n'osant me confier de trop longues listes de courses, te chargea de courir les rayons à sa place, tâche que tu remplissais avec un sérieux proche de l'obséquiosité. Presque louche.
Peut-être que ton geste n'était pas totalement désintéressé, au-delà du simple appât du gain. Mais je ne te crois pas si fourbe.
Toujours est-il que peu à peu, ma mère s'est attachée à toi, t'as accordé sa confiance.
Tu as été promu homme à tout faire et tu as commencé à consacrer quelques-unes de tes soirées oiseuses, de tes fins de semaines, à changer une ampoule, jeter un coup d'œil au four capricieux, monter une ou deux étagères… Des travaux d'homme.
Mercredi 31 octobre 2007 à 17:25
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