Mardi 17 juillet 2007 à 0:27

Il paraît qu'ils ont inventé une nouvelle drogue. Le Sfix, ça s'appelle. Ça viendrait de « stop » et de « fix ». Moi ça me fait juste penser à Styx.

Il paraît qu'elle est géniale, que vous allez voir, ça va tout changer, qu'avec ça, on arrête d'aimer. Et ouais.
Plus de battements de coeur désordonnés, plus de mains qui tremblent bêtement, on peut enfin dormir sur un oreiller sec, sereinement, ne plus se laisser distraire par un visage.
Plus d'espoir vain, plus de souffrance inutile... jusqu'à la descente.

Ils vendent ça à prix d'or, c'est interdit par la loi mais on en trouve à tous les coins de rue, vendus sous le manteau, on en trouve comme s'il en pleuvait.
On dit que c'est le gouvernement qui a mis ça au point, pour accroître la rentabilité dans les entreprises, et parce qu'il n'y a plus assez de maisons ou de F4 sur le marché de l'immobilier, tout ça...

On murmure aussi qu'il y a de la came vachement pure qui circule, de plus en plus, qu'on ne trouve presque plus que ça, en fait, qu'elle est vendue au même prix que l'autre, qu'elle déménage, qu'elle est dangereuse et délicieuse, que c'est l'overdose assurée, que ceux qui y ont goûté ne ressentiront plus rien, jamais. En une seule injection t'as ta dose pour la vie.
Plutôt économique.

J'écris ce récit pour tous ceux qui n'ont jamais pressé une seringue, toutes les âmes prudes qui jurent qu'elles ne toucheront jamais à la drogue, pour tous ces ados naïfs qui prétendent préférer souffrir à oublier.
Pour garder trace. Parce que je crois qu'ils ne vont pas faire légion, d'ici peu de temps.

Moi, je me suis déjà shooté, et je le ferais encore, j'ai même une piqûre toute prête qui m'attend. Peut-être que je ne redescendrais jamais de mon nuage.
Et après ?
Je vous défends de me juger. Parce que vous auriez sans doute fait la même chose.

Comprenez-moi. Actuellement ? Oh, je n'aime personne. J'ai juste la cage thoracique criblée de points d'interrogations. Comme autant de balles. Et je dois avouer que ça fait un mal de chien. Comme un hameçon dans ma poitrine qu'on tiraille, qu'on tiraille...
Ça devrait me réjouir. Ça m'épuise.

Je n'en peux plus. J'ai plus envie. D'être tourmenté, tout ça.
Je sais ce que vous vous dites. C'est un faible, un lâche, un junkie.
Mais regardez-vous.
Vous vous croyez clean peut-être ? De vraies saintes-nitouches, pas un seul dérapage, même pas un faux pas. Vous êtes parfaits, ne touchez à rien.

Du vent. Du vent, je vous dis. Vous êtes accro, vous aussi.
Qu'est-ce que vous croyiez au juste ? Que la fièvre vous avez épargné ?
La blague. Regardez-vous. Des shootés. Shootés aux mièvreries, aux sentiments, aux endomorphines que vos sales petits neurones crachent lorsque vous vous croyez amoureux d'un autre (on est toujours amoureux de soi, enfin !) et aux montées d'adrénaline.

Moi au moins, j'ai ma seringue, ultime rempart à cette dope pernicieuse qui a commencé à courir vos veines lorsque vous avez émergés des ténèbres, doucement, goutte à goutte, tapie au fond de votre poitrine, jusqu'à ce que vous rencontreriez celui ou celle que vous êtes destinés à aimer. Que dis-je. Que vous choisissez d'aimer. Lui, elle, et puis tous les autres ensuite. Comme autant de clefs pour mieux déverser dans votre sang le poison que vous vénérez comme un dieu.
Ne vous plaignez pas. C'est vous qui l'avez voulu.

Moi, je ne joue plus.
Je vais m'injecter cet antidote à mes tourments et qu'on en finisse. Libre à vous d'en faire autant.
Il est possible que l'amour n'explose plus jamais derrière mes côtes, je sais. Et après ?

Il paraît qu'il y en a qui n'ont pas su supporter le vide en eux.
Il paraît qu'il y a des gamines devenues frigides qui vendent leurs charmes dans l'espoir de pouvoir un jour acquérir de quoi neutraliser le Sfix.
Il paraît que l'industrie et les entreprises sont en chute libre, parce que leurs employés n'ont plus envie de rien.
Il paraît même qu'il y a des cœurs châtrés qui en sont morts de désespoir, vidés de toute substance.

...

Et puis après ?

Par allforyou le Samedi 21 juillet 2007 à 0:26
Je ne veux pas trop squatter... mais apres tout, tu peux tout effacer.
Je fais partis des personnes soit disant clean, mais alors clean de chez tout propre. Pourtant, beaucoup de venin circule dans mes veines, j'ai peur quand quelqu'un s'injecte c'est vrai. Il doit bien y avoir un autre moyen de guérir, de sourir, de rever, de vivre, cela ne s'appel-t-il pas "écrire" ?
 

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