Au bord du gouffre, au bord du dernier cri. Je me contenterai de jeter mon cœur à la falaise, le son cristallin du verre brisé qui rebondit contre les écueils. Je n’appelle plus, je n’en ai plus besoin. Je sais qu’elle va arriver. Elle est toutes les femmes ou peut-être aucune. J’ai bu son portrait égaré sur un mur, à présent je suis prêt pour le départ. Je laisse derrière moi cette planète brisée, elle va m’emmener, elle m’a promis. Sans doute ils me croiront mort, mais je serai avec la plus belle femme du monde. Serpent et rose, vipère et Salomé, toutes les femmes que j’ai connues lui ressemblent. Ils ont écrit qu’elle était le démon, qu’elle avait tentée Eve, sa sœur lointaine. Moi je sais ce qu’elle a fait. Il faut être un peu le diable pour être vraiment libre. Quel triste destin que d’être Dieu, condamné à voir ses enfants se détourner de soi. Tout commence par un homme et une femme, tout commence par une trahison. Voilà la triste histoire des hommes.
J’entends ses pas, sa main glisse sur mon bras, ses tresses noires et lourdes caressent mes épaules. Nous sommes prêts à partir. C’est bien le diable que d’être heureux. La société pardonne souvent aux criminels mais jamais aux rêveurs, Seth me l’avait bien dit. Le diable se réfracte en Oscar qui se réfracte en Dorian qui se réfracte en Seth qui se réfracte en Lilith. Le diable est dans les détails. Lilith est belle et cela me suffit. J’ai à mon bras la plus belle des femmes, elle est l’eau et le feu, elle est l’épine de la rose, elle me prend le bras et nous nous envolons.
Nous reviendrons, plus jeunes et beaux que jamais, car nous sommes le diable en habits du dimanche.