Mercredi 19 mai 2010 à 20:57

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C’était un homme à part, un homme hors du temps. Il se fanait doucement, il me disait "retiens-moi, retiens-moi" mais j’étais trop faible, trop lasse moi-même pour l’arracher à sa torpeur. Averse de SOS translucides, je préférais détourner les yeux plutôt que le voir s’éteindre. Nous étions trop semblables pour que je puisse lui permettre de se déverser en moi.
Lorsque je lui rendais visite, toujours un peu contrainte, toujours un peu coupable, je fixais la clepsydre tandis qu’il se dévoilait à mots couverts, il tentait de pénétrer mes défenses, goutte à goutte.
Il me laissait des mois sans nouvelles (je ne cherchais pas à en prendre), m’envoyait parfois des cartes postales sans message, comme pour me dire "tu vois, je suis toujours en vie". Nous étions trop semblables pour que je n’ai pas envie de le connaitre, de me confondre avec son reflet. Mais les êtres humains sont toujours décevants (il suffit d’attendre assez longtemps). Je voulais lui parler des heures, me complaire dans nos similitudes. La grâce de ne plus être seule, jamais. Mais j’étais lasse de reconnaitre en lui mes faiblesses, comme un Narcisse se penchant sur l’étang qui n’y verrait que sa propre laideur, déformée par l’onde.
Par imparfaiite le Dimanche 23 mai 2010 à 21:34
Toujours, tes mots, se tordent en un milliers de paysage, d'atmosphère. Et c'est beau.
 

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