Extraordinaire. Peu d'œuvres ont en elles une telle force d'ouragan, de tout balayer en nous pour laisser place à quelque chose de plus grand. Je crois que c'est la première fois que c'est si fort, que je vois consciemment les choses d'un œil différent. On a toujours l'esprit trop étroit, il ne peut que s'élargir encore et encore...
Son texte était sensuel, mystique, plein d'amour, de passion, féminin... Un manège.
J'ai beau façonné mon intellect, il faudrait un travail énorme pour forger mon essence. Ai-je une sensibilité suffisamment grande ? Mes textes sont plats. Je bâcle tout. Si je les travaillais pour de vrai, si je m'en donnais la peine, ils seraient bons enfin et pourraient prétendre à entrer dans l'histoire.
Je ne me sens pas digne de ce désir d'écrire que j'ai, ce n'est pas une faim dévorante comme celle d'Etty et pourtant j'en ai besoin... J'ai besoin de progresser ne tant qu'humain, mais je suis si paresseuse.
Ce n'est pas tant le jeu des acteurs, la mise en scène, qui ne m'a pas spécialement accroché pour ne pas dire qu'elle m'a presque déplu, c'est évidemment ce texte, cette force incroyable... Je n'aime pas les gens comme ça, si riches intérieurement... Je me sens si petite...
J'ai rencontré trop peu de gens aussi hauts en couleurs, dotés d'une véritable richesse intérieure... C'est un peu triste. C'est ce que j'aimais chez certains comédiens. Mireille était comme ça... Elle ne se dévoilait pas, c'était un mystère vivant, des ombres chinoises... Et pourtant ça ne pouvait que déborder.
Le travail qu'Etty Hillesum a fait sur elle vaut la peine d'être lu... Je pense que ce sera une sorte de Bible, lorsque j'aurai le temps d'y jeter un coup d'œil.
J'ai confiance.
Cela m'a amusée lorsque la femme a déploré qu'Etty soit morte jeune. Comme si un talent avait besoin d'être fauché pour se déployer dans toute sa splendeur. Ce texte aurait-il eu cette profondeur s'il s'inscrivait dans un fatras d'œuvres ? Je trouve que cette brièveté, cette histoire autour du livre lui donne un surcroit de saveur, comme le journal d'Anne Frank. Ce n'est pas un simple livre. C'est un destin.
Parfois j'ai des envies d'être juive. Bien sûr je ne me revendiquerai jamais comme telle, j'éprouve trop de respect. Mais c'est plus qu'une religion, c'est une communauté, avec une histoire... Je me sens attirée par ces êtres lointains et mystérieux, que j'imagine doué d'une spiritualité plus grande que la mienne... Mais je ne pourrais croire en Dieu par rapport à un livre Saint. Trop souillé.
Je lisais le témoignage d'une musulmane, qui a divorcé de sa religion après avoir lu le Coran, car c'était Allah qui avait voulu que les femmes soient inférieures, impures. Je ne suis pas d'accord. Pour moi, si dieu il y a, il ne peut pas avoir commis une telle erreur. Cela ne peut être que le prophète qui a failli, qui a laissé ses sentiments bassement humains le submerger. Il a profitait du crédit qu'Allah lui a peut-être conféré en mettant ses mots dans sa bouche pour laisser transparaitre en filigrane ses propres démons. A-t-il été rejeté par une femme ? Son épouse ne l'aimait pas ? Ne l'aimait plus ? En tous cas, je ne peux avoir de respect pour quelqu'un qui s'est laissé porté par la facilité du petit alors qu'il aurait pu être grand.
C'est pour ça que je ne pourrais pas croire en un livre saint. Je n'ai pas confiance en leurs auteurs, en leurs interprétations, conscientes ou pas. Humain, trop humain.
Un nouveau départ.
J'aime bien cette connivence facile de certains, des adultes qui disent spontanément « chérie », « mon chou ». C'est comme une façon de dire « je ne vous connais pas mais je vous aime parce qu'on est humain ». C'est comme une solidarité qui n'existe pas dans ce siècle individualiste. C'est mignon, je voudrais pouvoir m'exposer ainsi. Appeler un inconnu à un inconnu, c'est s'ouvrir un peu, s'exposer à se frotter à un porc-épic, qui refuse cette intimité fugace...
J'ai trouvé ça d'autant plus brave que c'était une noire qui disait ça à une fille, genre « sophistiquée » (dans sa définition toute particulière de la sophistication), elle venait de trébucher et de s'étaler lamentablement, donnant l'occasion à tous les voyageurs en transit d'avoir un aperçu du clair de Lune, dont on se serait bien passé.
Ce que je veux dire, c'est que c'était tellement sincère, spontané... Et peut-être même un peu osé lorsqu'il y a des gens qui sont encore pour l'apartheid (affligeant)...
Mein Herzt Brennt
Mercredi 19 novembre 2008 à 21:36
Commentaires
Par Jad2 le Mercredi 19 novembre 2008 à 21:43
Oooh, merci, le dernier petit chat se nomme Locky, c'est un mâle (et un casse pied, comme tous les mâles ^^)
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