Jeudi 5 juillet 2007 à 23:12

- J'avais peur que tu ne viennes pas.
- Je viens toujours.
- Je n'ai pas l'habitude…
- Menteuse.
- J'attendais. Un appel, un message.
- Et je suis là.
- Tu es là.
- Comment vas-tu ?
- Devine.
- Et Meiko ?
- Moins bien que si elle vivait avec toi.
- On en a déjà parlé…
- J'attends. Qu'elle demande à partir, qu'elle ne rentre pas.
- Je suis sûr que tu lui es aussi bénéfique qu'elle l'est pour toi.
- J'attends. Qu'elle me prenne la main, qu'elle me dise je t'aime.
- Tu sais, avec moi non plus, elle n'est pas très démonstrative…
- Qu'elle m'appelle Maman.
- Oh, ne m'en parle pas. Parfois je la surprends à m'appeler Monsieur Yuu, et sur un ton… Très officiel, tu vois ? Elle a du être banquière dans une autre vie.
- Banquière ?
- Je ne sais pas.
- Meiko, c'est tout ce que j'ai.
- Je sais.
- Elle est toute ma vie.
- Je sais.
- Je ne supporterais pas de la perdre.
- Je sais, tu crois que je ne sais pas ?
- Elle doit vivre avec toi. Pour être heureuse.
- Mais non…
- Comme si tu ne le savais pas.
- Elle a besoin de toi.
- J'attends. De décrocher le téléphone et entendre une voix familière, de me sentir vivante.
- Ça va aller… ça va aller…
- Si je n'avais pas Meiko.
- Tu es une mère formidable.
- Ton travail, ça va ?
- Oui, oui. La routine…
- Développe. Puisque nous n'avons plus rien à nous dire, puisque tu n'as plus envie de me parler…
- Je suis là.
- Les banalités, c'est la seule chose qu'on peut encore partager. Que je peux encore partager avec toi.
- Hé bien, on va sans doute signer un contrat avec un client très important, il est prêt à miser sur nous, alors tu imagines bien… c'est la folie en ce moment, tout le monde s'agite, comme tu l'imagine...
Oh, et je vais peut-être obtenir une promotion. Rien de significatif niveau bulletin de salaire, mais j'aurais des tâches beaucoup plus stimulantes qu'avant, je vais beaucoup voyager, et rencontrer beaucoup de gens, de pleins d'horizon différentes… Tiens, tu fais bien de m'y faire penser : je vais sans doute être obligé de décaler les gardes de Meiko à cause ça.
- Aucune importance. Tu m'appelles.
- Merci.
- J'aime quand tu m'appelles.
- Reira…
- Je t'aime encore, tu sais.
- Reira, tu recommences !
- Pardon… J'attendrais. De voir ton visage, que tu me reviennes.
- Reira, arrêtes.
- Si j'aime tant Meiko, c'est parce que je te vois dans ses yeux.
- Reira, on en a déjà parlé. Il faut que tu tournes la page, pour le bien de Meiko. Pour ton bien. Pour le notre.
- J'attends. Que tu passes prendre Meiko, que tu me regardes.
- Je n'aime pas te voir comme ça, Reira.
- Que tu me regardes, moi.
- Reira…
- Pardon… Pardon, je ne le ferais plus… Parle-moi, parle moi… Ne m'abandonne pas ! Pardon, pardon… J'ai pas fait exprès… J'arrête, j'arrête… De quoi on parlait ?

- Reira… Si tu continues, on ne pourra plus déjeuner ensemble, comme ça, tous les deux.
- Je ne le ferais plus, je ne le ferais plus !
- Tu dis ça à chaque fois…
- Ne m'enlève pas la dernière chose qui me reste…
- J'ai un collègue très sympa que j'aimerai beaucoup te présenter.
- Nos rares repas en tête-à-tête… Et Meiko.
- Je suis sûr qu'il te plaira beaucoup. Il est beau garçon, intelligent, doué en cuisine et en… water polo, à ce qu'il m'a dit.
- Je ne veux rencontrer personne.
- Il est célibataire, d'ailleurs.
- Personne…
- Reira… Il y a des mois que tu ne veux plus voir personne, même pas tes vieux amis, les rares personnes que tu rencontres, tu ne donnes jamais suite jusqu'à ce que l'autre se décourage…. Lorsqu'il s'accroche, ce qui est rare…
- Je n'ai besoin que de toi.
- Tu t'abrutis de travail, pas pour gagner plus d'argent mais comme si tu cherchais à fuir quelque chose et dans un sens c'est le cas…
- Et Meiko. J'ai besoin de Meiko.
- Pense à elle ! Crois-tu qu'elle se sente bien dans un appartement toujours vide, où sa maman est toujours triste, et presque…. Robotique, et n'invite jamais personne ?
- S'il n'y avait pas eu Meiko, tu m'aurais abandonné pour de bon, hein ? tu m'aurais abandonnée pour toujours.
- Je n'aurais abandonné personne, Reira…
- J'attends. Une mutation, un nouveau poste, une opportunité, une porte de sortie. Le bonheur. De m'enfuir. De voler. Nos rendez-vous platoniques à me serrer le coeur.
- Reira… Je ne peux pas, je ne peux pas te voir comme ça. Tu m'avais promis… Je dois m'en aller Reira.
- Non ! Ne me laisse pas !
- J'ai laissé un peu d'argent pour ma part, bois mon café à ma santé.
- Tu m'abandonnes toujours… Tu m'as toujours abandonné. Je ne veux plus, je ne veux plus !
- Disons même heure, même endroit… dans deux semaines, d'accord ?
- NON !
- Au revoir, Reira.
- Ne me laisse pas ! T'as pas le droit ! Reviens, reviens !...

Par Apfel le Vendredi 12 décembre 2008 à 20:51
Come back to me.

Ce que certaines chansons murmures, au creux de la nuit, quand les paupières s'abaissent.
On aimerait toujours pouvoir hurler cette phrase, cette dernière phrase, et la voir se réaliser. Parce que la solitude est trop inquiétante, dans une vie structurée par la présence d'autrui. Miroir et solitude.
Se débarrasse-t-on jamais des fantômes, vieux amours ?
 

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