C‘était un farceur. Un farceur génial, mais un farceur quand même. Trop de gens ne prennent plus la peine d’être rusé, roubl ard, astucieux ou créatif. Il était Scapin contre le monde. Il se moquait de tout, surtout des autres, il savait verser l’acide sur les plaies à vif. Vol en éclats. Il était souple, liquide. Ses mots comme des balles, des balles en mousse et faisant « pan pan » en joignant les mains, majeur et index pointés sur le vide. Un farceur, il nous souhaite joyeux non-anniversaire à tous propos, joyeuse Pâques le 11 novembre, il fixait des rendez-vous pour arriver à l’improviste, il laissait des messages bourrés de clins d’œil, il avait toujours de la poudre de perlimpinpin dans sa poche ;. Il donnait son numéro par rebus et son nom par anagrammes. Il vivait avec éclats aux crochets de ses rencontres, il les faisait rire pour les rouler dans la farine. Il les distrayait par quelque tours de passe-passe et ils clignaient des yeux devant les paillettes dorées tandis qu’il prenait la poudre d’escampette, laissant derrière lui les embarras.
Un jour, il disparut.