Mercredi 21 octobre 2009 à 13:58

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Une noce décadente au son des trompettes et des tambours, un tapage à éveiller les morts. Les squelettes ricanant jaugent les couples virevoltant sur la piste de danse, tourbillon chatoyant et translucide, parfois certains s’évanouissent et la ronde n’est jamais au repos. Aucun des convives ne sait ce qui l’attend, personne ne sait s’il survivra à cette nuit d’apocalypse, les poutres de la grande salle de balle s’effondrent par intermittence. Les coléoptères macrophages se frottent les élytres. Mais n’ayez pas peur, on s’amuse tellement !
Le clerc s’empare vivement de deux catins et la vierge et le vieillard et la mère et le fils : quelle importance ?
la clameur s’apaise mais les sons vibrent encore dans les os, personne ne songe à s’immobiliser de crainte d’être figé en pierre, rien ne saurait en venir à bout de la quadrille.
les pieds s’emballent, on frappe le sol à le fissurer dans un transport démoniaque, les cœurs battent au même rythme exactement. Will danse seul (seuls les morts ne dansent pas), il attend sa fiancée (elle ne viendra pas, il a échoué, elle est perdue à jamais, emportée dans les anneaux des aspics, noyés dans les nœuds des couleuvres, il n’y a rien d’autre à faire qu’à poursuivre la quête, ce pèlerinage sans fin, cette marche inexorable vers nulle part). Will parmi les crânes, ici tout se confond et les murs tanguent, ils sont de chair et s’emparent des invités qui les longent de trop près de leurs bouches édentées.
Will, il y a si longtemps que nous t’attendons. Si tu crois que tu es en Enfers, alors je brûle de t’y précipiter, c’est tellement amusant.
Tu n’es rien Will, à présent tu n’es même plus un homme, c’est à mourir de rire. Tu vas voir comme c’est drôle, Willy, tu vas voir comme c’est drôle de danser au-delà de l’aube.
Tes pieds s’emballent, tu as offert ton âme au diable et autour de toi les squelettes grimaçants, ils ne te laisseront jamais fuir.
Will regarde, ça ne peut être l’Enfer, c’est tellement mieux : c’est une fête ou une bacchanale, une orgie ou un mariage, tout le monde est tellement heureux et leurs yeux voilés et leurs têtes sur le point de s’effondrer, c’est ton mariage Willy, ce sont tes épousailles avec la Grande Faucheuse. Tu as voulu épouser une morte et ton vœu est exaucé, bien sûr ce n’est pas tout à fait celle qu’on t’a dérobée, mais elle lui ressemble. Tu ne peux refuser, tu es coincé ici pour l’éternité alors regarde au fond de ses orbites vides comme elle a l’air jolie.
Allez Willy. Tu peux embrasser la mariée.
Par Epiphyte le Mercredi 21 octobre 2009 à 22:43
Ca... et la photo qui va avec, ça c'est du texte qui part des tripes et qui narre comme on en a envie !...
Bravo... Continue dans cette voie là, c'est la bonne.
 

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