Je suis venue au monde il y a bien des années de cela. Ma vie humaine a été fade et sans éclat, à vrai dire je m'en souviens à peine. Je crois que c'est ainsi, pour ceux de ma race. Les premiers temps, on se raccroche à ses bribes d'humanité, comme si cela avait du sens, comme si c'était précieux, pour mieux nier l'évidence. Et puis on se résigne. On admet. Et on devient une bête.
Je me souviens nettement mieux de ma mort, comme vous l'appelez vous autres mortels. Ma transformation.
C'était une agression, ou quelque chose comme ça, une attaque sordide aux motifs dont tout le monde se moque puisque les responsables sont morts depuis bien longtemps (j'y ai personnellement veillé). Ils eurent la malheureuse (pour eux) idée d'attenter à ma vie. J'aurai pu les laisser faire. Ce n'est pas comme si ma vie avait jamais eu une valeur. Mais j’avais trop peur de mourir.
Alors que l’adrénaline brûlait mes veines, le souffle commençait à me manquer, et cela s’éveilla. J’ai mordu la main qui me bâillonnait et presque malgré moi me suis mise à laper le sang qui perlait de la plaie, son cœur battait de plus en plus fort, il était comme paralysé, et le sang coulait et coulait, je sentais mes forces s’accroitre imperceptiblement. Le temps semblait s’écouler plus lentement, et mes perceptions se métamorphosèrent à jamais.
Gorgée, repue de son hémoglobine, je parviens à faire mordre la poussière à ses complices (à moins qu’ils ne fussent que deux ? tout est si flou…), qui n’ont sans doute pas réalisé ce qui leur arrivait. Et moi non plus.
Mon espèce était encore peu répandue. Je ne comprenais pas, ne pouvais comprendre, ce qui m’arrivait. Lorsque j’ai voulu rejoindre les humains on m’a déclarée possédée et on a tenté de me traîner sur les braises. Je n’ai laissé dans mon sillage que des cadavres.
Je me souviens nettement mieux de ma mort, comme vous l'appelez vous autres mortels. Ma transformation.
C'était une agression, ou quelque chose comme ça, une attaque sordide aux motifs dont tout le monde se moque puisque les responsables sont morts depuis bien longtemps (j'y ai personnellement veillé). Ils eurent la malheureuse (pour eux) idée d'attenter à ma vie. J'aurai pu les laisser faire. Ce n'est pas comme si ma vie avait jamais eu une valeur. Mais j’avais trop peur de mourir.
Alors que l’adrénaline brûlait mes veines, le souffle commençait à me manquer, et cela s’éveilla. J’ai mordu la main qui me bâillonnait et presque malgré moi me suis mise à laper le sang qui perlait de la plaie, son cœur battait de plus en plus fort, il était comme paralysé, et le sang coulait et coulait, je sentais mes forces s’accroitre imperceptiblement. Le temps semblait s’écouler plus lentement, et mes perceptions se métamorphosèrent à jamais.
Gorgée, repue de son hémoglobine, je parviens à faire mordre la poussière à ses complices (à moins qu’ils ne fussent que deux ? tout est si flou…), qui n’ont sans doute pas réalisé ce qui leur arrivait. Et moi non plus.
Mon espèce était encore peu répandue. Je ne comprenais pas, ne pouvais comprendre, ce qui m’arrivait. Lorsque j’ai voulu rejoindre les humains on m’a déclarée possédée et on a tenté de me traîner sur les braises. Je n’ai laissé dans mon sillage que des cadavres.
Cependant, j’ai commencé à appréhender ce que je suis, peu à peu. Cela me prit des mois, des années, le temps n’avait plus de valeur, j’ai manqué plus d’une fois de perdre la raison. Et puis la vérité s’imposa. J’étais différente. Je le serai sans doute à jamais.
Ceux qui furent mes semblables étaient désormais mon gibier, mes proies, ma nourriture.
je décidais de partir à la recherche de ceux que vous appelez des Wampyrs. J’étais en quête de repères, à défaut de réponses. Je voyais bien que je ne vieillissais plus, je voyais bien que je pouvais courir des heures sans relâche pourvu qu’il y eu du sang en moi, parfois je ne dormais pendant des jours et des nuits.
Les Wampyrs se reconnaissent entre eux. Ils entendent leurs cœur respectifs battre lentement, ne tenant qu’à l’adrénaline de leurs victimes.
J’ai cherché longtemps. Les miens étaient décevants, guère plus que des animaux, empoisonnés par la soif du sang.
J’ai préféré rester seule.
Je me laissais aller à mes instincts de prédateur, inexorablement, devenant peu à peu cet animal que j’avais méprisé chez les Wampyrs que j’avais croisé. Il était si simple d’être un fauve pour ne plus avoir à penser. Penser devenait douloureux, un monologue éternel, à défaut d’altérité, mon esprit se figeait, à l’instar de mon corps.
Je n’imaginai pas que je puis me forger un compagnon. Je ne savais pas pourquoi j’étais dans cet état, je ne m’imaginai autrement que seule. Je laissais mes victimes pour mortes, sans chercher à « jouer » avec. Sans tenter d’expériences. D’autres l’ont fait pour moi.
Il est venu me trouver alors que je guettais une proie, immobile au creux d’un arbre. Il me semblait que j’étais plus vieille que le monde, il me semblait que je n’avais jamais rien été d’autre que cette machine à tuer.
Il s’est mis à me parler en cette langue commune que je croyais avoir oublié. Il me dit qu’il me cherchait, qu’il m’avait toujours cherchée, et que j’étais là à présent.
Si mes reflexes n’avaient pas été aussi aiguisés, il est certain que j’aurai chu du mon perchoir.