Samedi 22 mars 2008 à 18:22

On a qu'à commencer par « il était une fois », puisqu'on m'a dit que c'est comme ça que débutent les contes.

C'est l'histoire d'une gamine qui n'était pas prête à grandir encore et d'un Peter Pan qui était las de regarder les autres enfants à travers les carreaux épais des fenêtres.
C'est l'histoire d'une Wendy qui a ouvert sa fenêtre à Peter Pan et qui lui a laissé une petite place dans sa vie, un petit coin de tapis, un tiroir de sa commode pour se cacher dans la journée, en lui disant que bientôt ils s'enfuiraient au Pays Imaginaire.

Qu'est-ce que vous croyez ? Que la vie est comme dans les contes, que toutes les histoires se finissent bien ? Ne soyez pas si crédules, si candides. Vous n'êtes plus des enfants.
Faut-il être naïf pour croire que Wendy serait prête à sacrifier son petit confort, la douceur de sa couette en plumes d'oie et en soie et sa nurse canine et les troquer contre un matelas de feuillages et des baies sauvages en guise de petit déjeuner.
Faut-il être naïf pour croire que Peter Pan aurait suffisamment de poudre de fée pour emmener sa dulcinée contre son gré.
Ils n'étaient pas du même monde, voilà tout.

Et Wendy, qui espérait sans doute que Peter Pan pourrait passer sa vie à observer sa bien-aimée par lune petite fente de la penderie, attendant qu'elle daigne lui accorder un instant, un regard.

Ainsi, Wendy, par sa seule faute et ses désirs à sens unique, a épuisé son bel amant, et l'a jeté à coups de balais hors de sa chambre et de sa vie, ombre décousue et dé à coudre compris.
Après, bien sûr qu'elle a pleuré en voyant la poussière dorée maculant ses vêtements, seule trace du séjour de Peter Pan dans sa demeure, bien sûr qu'elle a amèrement regretté d'avoir sciemment laissé passer sa chance de s'envoler sur cette île lointaine que tous les gamins rêvent de visiter.
Et c'est ainsi que les contes s'achèvent en drames.
Alors, mieux vaut en rire qu'en pleurer.

Que voulez-vous que je vous dise ?
Je ne peux compatir à la peine de Wendy, on ne peut plaindre tout le monde, et le mérite-t-elle vraiment ?
Parfois certaines décisions sont prises à la légère et les conséquences peuvent s'avérer fatales. Tout est fatal. De même, certains choix nécessitent d'être assumés, c'est une affaire qu'on règle seul et je ne comprends pas pourquoi tous les enfants de Londres devraient y être mêlés, à leur insu. Te crois-tu réellement, Wendy, suffisamment importante pour faire jaser dans toutes les réceptions de la ville ? Personne ne perd son temps à s'attarder sur les émois d'une môme.

Mais ne blâmons pas Wendy. Elle n'est encore qu'une petite fille, trop frêle encore pour comprendre les rêves pleins d'étoiles de Peter Pan.
Ne pleure pas, Wendy. De toute façon, il est trop tard.
Sèche tes larmes, petite fille.
Des Peter Pan comme celui que tu as laissé s'échapper, tu n'en reverras peut-être jamais mais sois rassurée : lorsque tu seras grande et une cavalière prisée dans les galas du tout-Londres, tu rencontreras une nuée de gentlemans lacunaires et bons danseurs, qui à défaut d'un paradis enchanté et d'un accessoire de couture, t'offriront une bague avec un caillou dessus et une grande maison avec un feu dans la cheminée.

Par CeNedra le Lundi 24 mars 2008 à 18:56
Eh oui c'est pas comme si le capitaine crochet existait...
 

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