Les temps ont changé, je suppose. Le vent ne cesse de balayer les feuilles mortes à jamais. Brûler. Il faut bien que les choses changent un jour. Je ne cesse d'agonir.
Je ne comprend pas très bien ce que vous voulez. Est-ce que vous attendez quelque chose de moi. Cela n'a plus vraiment d'importance mais... Apprenez-moi à voler, et je vous dirai tout ce que je sais. Je vous apprendrai tous ces secrets que j'ai toujours caché et le filtre, ce filtre, on a voulu l'arracher à moi, on a voulu me piétiner, mais moi, mais moi...
La porte est derrière vous je ne vous retiens pas. Après toutes ces années... j'aurai voulu être votre wampyr. Allez-vous en, je ne veux pas que cela devienne plus affligeant que ça ne l'est déjà.
Votre aura est souillé, vous sentez la mort.
Les vieux remèdes ne marchent plus, vous pouvez m'allonger sur le lit encore et encore... Je ne suis plus celle que j'étais. Je ne serais jamais plus celle que j'étais, le temps me ronge, il rouille les êtres et les cœurs, et vous aussi, vous êtes souillé. Et si j'étais votre wampyr.
Je ne dors plus, je pense à vous. Sans doute je ne devrai pas vous dire, sans doute devrai-je me jeter par la fenêtre et ouvrir mes ailes.
Je suis un canard boiteux. Apprenez-moi à voler.
Vous et moi pourrions explorer le ciel. Vous et moi pourrions sauter dans le vide.
Je n'ai pas confiance en vous, il y a des années que je ne vous crois plus, je ne crois plus rien, rien d'autre que mes cellules qui s'effondrent, je fane et puis après.
Qu'avons-nous fait pour mériter ça, dites-moi ? Je ne voulais qu'être votre wampyr.
Le monde dans lequel dans lequel je vis n'est plus qu'un songe aux barreaux dorés, tous plus faibles et irresponsables que les autres, ce matin j'ai vu mon fantôme dans le miroir. Il ne faut pas avoir peur.
Je ne sais pourquoi je vous raconte tout ça, après toutes ces années, je pourrais peut-être même vous enseigner le filtre, je m'oublie. Je pourrais être votre wampyr. Jetez-moi dans le vide. Je veux voler. Je veux m'arracher au sol infect et corrosif, je suis lasse de baigner dans le soufre et le vitriol. Je suis lasse des perfusions d'arsenic et de partager ma couche avec les aspics. J'aurai tant voulu voler... J'aurai tant voulu être le wampyr de quelqu'un... N'importe qui... même vous...
Jetons-nous dans le vide, je vous en prie.
Mercredi 17 décembre 2008 à 16:58
Mercredi 25 juin 2008 à 23:17
Toutes ces légendes sur les vampires qui circulent, qu'on raconte d'un ton léger mais à mi-voix, pour conjurer le sort... Je reculais vers le gouffre.
« Pas un pas de plus, jeune fille. Ne gâchons pas, je vous prie.
- Qui êtes-vous ?
- Ce que je suis, vous voulez dire ? Comme si vous l'ignoriez.
- C'est impossible...
- Si ça vous plaît de le croire. Bien. Je vais donc être contrainte de vous tuer. Dommage, il y a longtemps que je n'avais pu m'entretenir avec quelqu'un, en dehors de mon propre cercle.
- Laissez-moi partir ! Je ne parlerais de vous à personne, je vous jure, mais je vous en prie, laissez-moi en vie !
- Drôle de discours pour quelqu'un qui guettait la mort il y a un instant encore. Mais puisque tu insistes… Il me vient une idée. Suis-moi. » énonça-t-elle avec autorité.
Je n'avais d'autre choix que lui emboîter le pas tandis qu'elle s'enfonçait entre les cimes.
Lundi 9 juin 2008 à 15:05
Mon lointain, mon bel amour, mon ange terrible
Je suis seule à nouveau.
Je ne te blâme pas. Je connais tes lois, tu me les as trop souvent répétées.
Je t'écris à la lueur dansante du feu : tu sais que je ne suis pas riche.
Tu sais que je n'ai rien à t'offrir que mon sang.
J'ai si froid…
Toi qui as vécu des siècles, tu sais combien l'homme est seul, à présent.
Je croise sans cesse mes semblables, leurs mains me frôlent sur la voie publique, dans les échoppes, leur peau se colle à la mienne et leur souffle effleure mon cou alors que nous nous entassons dans ces conserves à grande vitesse qui t'intriguent tant, l'étoffe de leurs atours bruit contre ma pelisse et je suis tellement seule…
Depuis que je t'ai rencontré, je haïs les humains car ils me font douloureusement ressentir que je n'appartiens pas à ta race.
Pourquoi ne m'accordes-tu pas ce présent ? Pourquoi ne me fais-tu pas tienne à jamais ?
Tu dis que tu ne m'aimes pas. Je le conçois aisément.
Les humains ne sont que des tas de viande qui bougent. Il n'y a rien de beau en eux.
Je n'ai jamais eu d'affection pour un bœuf. Ce n'est qu'un repas potentiel, alors pourquoi toi, le prédateur, t'amouracherais-tu d'un de tes repas ?
Mais si tu ne m'aimes pas, que t'importe de faire de moi une enfant des ombres ?
Décharge-toi du fardeau de l'éternité. Laisse-moi être cette main secourable qui guidera tes pas épuisés.
Tu te fais vieux, Lévithan.
Ta peau est aussi tendre qu'autrefois mais sache que je distingue le vieillard sous tes traits figés.
Laisse-moi te servir. Laisse-moi être ta servante, ton esclave. Laisse-moi te sauver.
Tu as besoin de moi, tu sais que tu as besoin de moi, sans quoi tu ne reviendrais pas toujours, n'est-ce pas ?
Je ne suis pas comme cet autre qui te ronge, que tu crains et que tu adores.
L'immortalité est mon lot. Elle est nécessaire à la tâche qui m'a été assignée.
Je suis née pour elle et pour te servir, Lévithan.
Je suis née pour toi. Mon cœur me l'a trop répété.
Je sais que tu regrettes.
Je sais que tu as peur, je connais ce qui te trouble.
Tu n'es pas fait pour être seul, Lévithan, tu n'es pas fait pour ce siècle.
En lieu et place de cet isolement sans fond, de ces filles insignifiantes que tu prends chaque soir pour oublier qu'elles n'ont pas ce que tu cherches, qu'elles ne sont pas ce que tu cherches, pour oublier qu'elles ne peuvent combler le vide, prends-moi toute entière.
Je suis à toi de toute éternité.
Lévithan, j'ai si froid sans toi.
Accordes-moi ton sang. Une dernière fois. Tu en as autant besoin que moi.
K.
Vendredi 30 mai 2008 à 21:27
J'ai oublié mes clefs, j'ai oublié mon nom.
J'ai oublié où je suis, j'ai oublié d'être en vie.
J'ai oublié jusqu'à lui dire…
Je suis comme les autres : je me suis perdue au détour d'une rue, je me cherche encore.
Les hommes se ressemblent tous.
Nuit noire d'encre, le vampire m'attend.
Comme il est bon de se sentir attendu, car personne ne m'attendra jamais plus, n'est-ce pas ?
Je pourrais mourir pour lui, c'est ce que je fais chaque nuit en sa compagnie, mais je ne serais jamais d'avantage que de la nourriture, n'est-ce pas ?
Le vampire et sa proie.
C'est mauvais, ça s'est trop vu, je voudrais cesser de me complaire dans le vertige du vin, dans l'ivresse des sens, lorsqu'il ne me reste au creux de mes veines juste de quoi faire battre mon cœur, lorsque le vampire me retient avant que je ne m'évanouisse, lorsqu'il me laisse partager sa couche, ma tête contre son sein, dans le grand lit de marbre.
J'ai tout oublié pour lui mais je ne peux oublier qu'un jour il me tuera et qu'en ce jour je devrais m'abandonner, abandonner mon étincelle comme j'ai déjà abandonné tout le reste.
Une jeune fille meurt. Un vampire s'assoupit. C'est dans l'ordre des choses.
Vendredi 23 mai 2008 à 20:24
« Tu verras comme il est délicieux de trahir. Gagner la confiance de quelqu'un et l'assassiner, planter tes dents dans ton cou lorsqu'il s'abandonne.
Le sang a le goût de l'amertume, mais il est trop tard.
Tu sais bien. Les humains aiment préserver les apparences, pourtant toutes leurs manières ne sont qu'hypocrisie, mais jamais ils ne l'avoueront.
Ils se jettent à corps perdus vers les mains qui se tendent, par ennui.
Comme ils sont ridicules. Comme ils sont étriqués.
L'ennui n'existe pas, il suffit de haïr. Haïr, ça occupe. N'est-ce pas ? »
Assouvir sa haine.
Boire du sang jusqu'à la lie, semer les cadavres sur mon sillage, s'étourdir à l'hémoglobine, ne plus réfléchir, ne plus penser, de toute façon tout est permis. Osez me dire le contraire.
L'atmosphère est plus corrompue que ma propre chaire.
Je suis le Mal et je ne puis plus souffrir cet univers, comptez sur moi pour l'entraîner dans l'abîme, votre réalité n'est qu'un château de cartes qui s'effondre : dame de pique. Roi de trèfle. Valet d'épée. Tous des tricheurs.
À quoi bon se battre ? L'issue du combat est écrite d'avance.
Je chasse seule, personne ne partage ma tombe.
Ma bande est ailleurs.
Je suis seule face à cette meute hostile que j'exécrere.
Les dominants montrent les crocs.
Je plante mes griffes dans les bras du fauteuil mais il s'en faut de peu pour que je ne leur lacère la gueule.
Regards lointains, méprisants. Je ne leur accorderai pas le plaisir de constater leurs ravages.
Demain, au lever du jour s'il le faut, je planterai mes dents dans leur épiderme, au plus profond de leur chaire, jusqu'à ce que leurs peaux ne soient que charpie.
Je n'ai aucun scrupule : la haine m'habite.
Je vais déchirer ce monde de mes propres mains. Ce n'est que justice.
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