Vendredi 12 juin 2009 à 16:10

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Je pensais que ce serait facile, tu vas. Ni vu ni connu, je t’assassine. Mais là c’est comme après l’amour, je sais pas quoi faire du corps. T’as toujours été lourd, mais là tu me fais carrément pas mourir de rire. Mais tu comprends pas Ronald, déjà avec un nom comme ça tu aurais déjà dû aller te pendre avec que ce soit à moi de le faire. On peut compter sur personne, surtout pour les morts, j’ai remarqué ça. Mais tu sais bien que ça fait trois ans que je t’ai sur le dos, maintenant j’ai ton corps sur les bras, ça me soulage. Je suis Atlas qui joue au bowling avec la Terre. Strike, j’ai défoncé Saturne. T’es un mec bien, j’aurais pas dit le contraire, mais pas un mec pour moi. J’ai essayé de te le dire, mais un peu dur de la feuille, le garçon, hum ? t’as des pissenlits qui poussent dans les oreilles. Je voulais me débarrasser de toi, je souhaitais ne jamais t’avoir rencontré, et c’est bon tu n’existes plus. Si tu savais combien de fois j’ai fantasmé ce moment. Elle est belle, la fille de tes rêves. J’étais crevée Ronald et maintenant tu vas dormir pour deux. Je te laisse mon lit, je sais que tu en rêvais. Je te laisse les clefs aussi. Bonne putréfaction, tu ne me manqueras pas.

Samedi 6 juin 2009 à 15:47

 
http://melancholic.cowblog.fr/images/3928383.jpg- Dis-moi un truc gentil.
Dieu que les femmes sont agaçantes.
- Laisse-moi dormir.
Pas besoin d’ouvrir les paupières pour sentir son regard humide d’épagneul agonisant se poser sur moi.
- Dis-moi quelque chose de méchant ?...
- Je t’aime.
Comme un bruit sourd de chute. Madame est servie.
Elle ne dit plus rien : je peux enfin sombrer dans les bras de mon vieil ami Morphée.

Samedi 6 juin 2009 à 15:42

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C’est une fête foraine, des éclisses de couleurs qui brûlent et tournoient, elles frappent la pupille comme une giboulée de confiseries (rose, orange… : ce monde ne peut être réel). Des enfants suçotent des glaces, des éclats de voix, des jeunes qui se bousculent, des éclats de rires : tout cela est épuisant et réconfortant. La danse des cygnes est lin à présent, la fête a la beauté un peu vulgaire de la pomme d’amour.
On croque avec provocation le fruit défendu, la langue s’égare sur le caramel rougi, des échardes de sucre se plaquent sur les lèvres. C’est chaud et moite, la pomme a la saveur un peu fade des bacchanales qui s’éteignent.
Un tour de manège. Et on recommence.

Vendredi 22 mai 2009 à 11:26

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J’ai tellement peur. Je sens l’haleine rauque du tueur sur ma nuque à vif chaque fois que je traverse la rue principale, je sens que c’est à moi qu’il en veut, je ne peux faire confiance à personne. Les villageois s’éteignent les uns après les autres, tout le monde a peur et personne n’ose partir. Est-ce que vous connaissez cette sensation, quoi que vous fassiez, où que vous soyez, quelque soit la personne à qui vous parlez ; rien ne peut vous distraire, vous sentez cette peur irrépressible qui bat dans vos veines, ce sentiment de danger imminent, cette menace évanescente, elle vous ordonne de fuir et vous n’avez nulle part. Personne n’ose s’en aller malgré l’angoisse ambiante, je suppose qu’ils ne savent pas trop pour quoi eux-mêmes. Je sens qu’au fond tous ces cadavres c’est juste pour se distraire, pour tenter de se maitriser, car c’est après moi qu’il en veut. J’ai tellement peur et pourtant je n’ai nulle part où aller, vraiment nulle part. Ma tante s’est installée ici avec moi il y a quelques mois : sa maison a été incendiée, il fallait attendre, on s’est dit pourquoi pas ici ? Le village était beau, au sommet d’une colline, des grands herbages. Sans être coupé du monde, on sentait une barrière entre nous et le monde, un isolement rassurant. Si nous avions su… On aurait été bien, c’est sûr, elle et moi dans ce décor bucolique de carte postale.
Les meurtres ont commencés après notre arrivée. Bien sûr, nous étions les premières suspectes mais après quelques jours en prison et les meurtres qui se perpétuaient, on a bien été obligé de nous relâcher. Heureusement qu’il y a la famille du pasteur et ses deux filles, elles sont tellement jolies, et puis il y a Vincent, je sens l’amour immense et plein de respect qu’il me porte, il me regarde avec admiration et je me blottis contre lui tandis qu’il me caresse les cheveux avec douceur, nous n’avons plu vraiment besoin de parler. C’est presque étrange, d’ailleurs. Jamais je n’aurais cru vivre une telle histoire, d’une telle intensité, en si peu de temps et étant donné les circonstances…
Un cri perçant, une cloche, c’est le signal. Un de moins sur la liste des suspects… Madame Mac Neals sort en courant de chez elle, ses sanglots se muent en cri, nul besoin de mot. Tout le monde a compris. Une victime de plus.
Parfois, je sens la présence du tueur chez nous, il reste au rez-de-chaussée, il est discret on l’entend à peine, il essaye de ne rien déplacer mais je sens toujours que quelque chose est changé le lendemain matin, pour l’instant il a toujours résisté à la tentation de monter à l’étage, pour tuer ma tante… Ou me tuer moi. D’autres n’ont pas eu cette chance… Et j’ai tellement peur…
Je me rends à pas lourds à l’église, je sais que le pasteur y sera, sa fille ainée sera en train de jouer sans conviction avec l’orgue, la cadette courra vers moi à travers l’allée centrale et son père criera qu’on ne court pas dans une église, sa femme m’accueillera avec son doux sourire, ils seront tous deux, le mari et la femme, comme prostrés devant l’autel, quelque chose dans leur maintien se brisera un peu plus, comme si chaque meurtre pesait un peu plus sur leurs épaules, comme s’ils en étaient responsables.
Il fera sombre dans l’église, quelques bougies insuffisantes dispersées sur les bancs, le pasteur refusera d’allumer la lumière, une façon de recueillir j’imagine.
Devant l’église il y a toujours le cadavre de ce pauvre Jimmy, les vers commencent tout juste à rendre leur office, personne n’a eu le courage de débarrasser ce cadavre, un de plus.
Vincent surgit soudain, nous échangeons un sourire lasse, il me serre contre lui. Nous sommes sur le porche de l’église. Il s’efface avec galanterie pour me laisser entrer mais ses gestes sont plein de plomb, ces morts empoisonnent jusqu’à l’air que nous inspirons. J’ai peur.
Nous entrons dans l’église, le pasteur devant l’autel nous fait un signe de main plein de tristesse. Pourquoi l’allée centrale est si grande dans l’église d’un si petit village ? Il me semble que je ne cesserais jamais de marcher, cernée par les bancs, dans la pénombre je sens que le tueur pourrait surgir à tout moment d’un côté ou de l’autre.
Le pasteur, sa femme, Vincent et moi discutant plans d’action, je sens la présence du tueur au fond de l’église, je sens qu’il pourrait surprendre nos projets, je supplie le pasteur de daigner allumer la lumière. Les ténèbres m’assaillent, tout peut arriver dans le noir, je sens que le tueur se cache dans les ombres.
Le pasteur cède, il n’y a personne et pourtant je sens son spectre assis sur un banc, dans le fond. Vincent me tient la main et je m’y accroche à en mourir.
Nous finissons par sortir, main dans la main, Jimmy nous jette un œil torve. Un cadavre est un spectacle insoutenable.
Vincent m’entraîne un peu à l’écart, derrière un bouquet d’arbres une clairière à l’abri des regards, il me met à terre et nous roulons dans l’herbe en nous embrassant, un moment d’innocence volée.
Lorsqu’il s’arrête de me faire tanguer pour reprendre son souffle, je prends une grande inspiration et en me lovant contre lui je lui chuchote « Vincent, je sais que c’est toi le tueur.Je sais que tous nos plans d’action sont inutiles, je sais qu’on arrivera jamais à te coincer. Je sais que c’est toi qui a assassiné tous ces gens, et Jimmy et Mr Mac Neals tout à l’heure. Je sais aussi que tu as aimé à la passion chacune de tes victimes, je sais que c’est par amour que tu tues. Et je sais, je sais qu’un jour tu ne pourras plus te retenir et qu’alors tu me tueras. Je voulais juste que tu le saches. » et alors j’ai levé les yeux sur lui. Il n’a rien dit. Il m’a jeté un regard grave et triste. Et il m’a serrée contre lui, comme on se noie.

Mercredi 20 mai 2009 à 16:44

Tu étais si beau, tu étais comme un Dieu et aujourd’hui regardes-toi. Je suis la prêtresse sacrée qui panse les blessures, je suis ton éternelle ombre. J’ai attaché mes pas aux tiens alors même que tu n’étais que givre et chair à canon & tu me tournes le dos, alors même que tu n’as plus que moi. N’ais crainte que je ne te trahisse. Tu seras mort avant de sentir le poignard couler le long de ton épine dorsale. Le poison est une arme de femme, ondulante et sensuelle comme l’étreinte d’un aspic.
Tu étais Dieu et tu n’as pas pris garde à elles, elle t’a jeté un charme et tu dansais aux ondes de sa flûte. Brûlure.
Je t’ai ôté du bûcher car je suis la princesse, sache que je suis née pour te rencontrer.
Je me suis consumée de toi et regarde ce que tu as fait de moi. Je suis la putain que tu as aimée à la passion et à présent je lave tes pieds meurtris d’idole usée.
Il y a encore en toi cette étincelle de magie qui me dit qu’un jour tu brûleras en Olympe. J’espère que tu penseras encore à moi, parfois.

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