Je suis une garce. Je n'y peux rien, j'ai ça dans la peau.
Au comptoir, juchée sur un tabouret bancal, je croise les jambes etr les régale d'un sourire, parfois je penche la tête en arrière pour exhaler délicatement une bouffée de fumée irisée. Que voulez-vous, je suis comme tout le monde : je veux plaire. Je veux qu'on m'aime. Je suis une garce, je me sers de mes ch-armes pour parvenir à mes fins : je suis une femme, je suis désirable.
Un homme me regarde machinalement, les yeux lointains, je lui décroche un sourire carressant par habitude. J'aime voir affleurer dans leurs yeux cette lueur, j'aime lorsque je sens que je les tiens sous ma coupe. J'aime lorsque leurs gestes vibrent, tout juste frémissants, j'aime leurs sourires de plaisir et de désir lorsque je pose, affable, ma main sur leur bras, j'aime lorsqu'ils se penchant, lorsqu'ils ne peuvent s'empêcher de me toucher, comme pour me possèder avant l'heure, j'aime la familiarité trop hâtive, la covinence qui se dessine et les regards brûlants entre la personne qui plaît et celle qui est sous le charme. Rien n'est précis encore, ce ne sont que des esquisses pleines de courbes de tendresse et de sensualité, pleines d'espoirs voilés.
Je suis une garce. Je tente de capturer discrétement l'attention des hommes du bar, discrètement rayonnante. Je ne suis pas une beauté fatale mais je suis suffisament jolie pour pouvoir espérer ne pas rentrer seule. On me fait parvenir une consommation, je cherche l'homme des yeux, celui dont les yeux s'égaraient sur moi n'existe plus, il appartient au passé.
Peu importe qui est mon admirateur, n'importe lesquel fera l'affaire. Je tombe amoureuse en un battement de cil, seul compte mon reflet dans leurs iris.
Je suis une garce. Qu'importe que quelqu'un m'attende chez moi, qu'il partage mon lit. Je ne serais pas infidèle. Pourquoi concrétiser lorsque l'on peut délicieusement flirter ?
J'aime les mettre à fleur de peau, j'aime éveiller leur attention, sans ostentation, sans précipitation, je les entoure de chatteries feutrées et je les envoute, sorcière. Comme c'est cruel.
C'est ainsi : je suis une garce.
Je fais distraitement la cour à mon voisin, pour m'occuper.Je ne peux rencontrer un homme sans netrer dans un rapport de séduction, et peu importe que quelqu'un siège dans mon coeur ou non. J'ai tellement besoin de distraction. J'ai tellement besoin d'être aimée. Vous comprenez ?
L'homme qui m'a offert un verre (un coup d'oeil au prix de la-dite boisson m'a confirmé son intérêt) s'approche, suite à mon invitation silencieuse, il a regardé autour de lui pour confirmer qu'il était de fait l'heureux élu -cette blaque-, il dessert sa cravate, il brûle de contentement, il mesure sa chance. Personne ne le raccompagnera, ce soir. Et puis après. Je suis une grâce.