Jeudi 1er octobre 2009 à 20:48

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Soirée, automne. Un vent frais charrie des feuilles qui flamboient, il se glisse jusqu’aux chairs, morsure intime. Un parc faiblement éclairé par des flammes qui tremblent, des soleils épuisés. Des sentiers sombres, pavés de mélancolie. Un lac d’encre de Chine et des poissons énormes, avides, gavés par les visiteurs malgré les interdictions.
Peut-être que ce soir n’existerait pas s’il n’y avait une femme. Tout commence toujours par une femme.
Seule. Il est tellement difficile d’être seul à présent. Personne ne comprend qu’on puisse se suffire à soi-même. Personne ne comprend qu’on soit las de cette altérité bruyante, tapageuse, épuisante. Se fréquenter, pourquoi faire si ce n’est pas pour partager. Si ce n’est pas pour progresser. C’est tellement lassant. Se battre pour être avec autrui, se supporter, en tirer plaisir.
Ils ne comprennent pas.
Seule. Un café dilué, sucré, lactée. Pour mieux se concentrer, réfléchir. Regarder le monde, les arbres lorsqu’ils se croient seuls. Il suffit de tendre à l’immobilité, ne plus faire qu’un avec ce banc usé. Unir son souffle avec le vent.
Tout est tellement calme. Tellement reposant. L’obscurité permet cette communion, se perdre.
Une parenthèse. Loin des obligations, du trépignement du monde. Respiration. Le souffle du bosquet, du talus. On aimerait être devant des étendues vertes infinies mais il n’y a jamais que le frisson urbain. Asphyxie.
Le gobelet est vide et froid, un souffle a emporté les derniers oiseaux, le froid : on oublie de vivre. Il est temps de rentrer.

Mardi 22 septembre 2009 à 16:57

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C’est ainsi que faible comme le jour elle s’étiole doucement, la mousse de ses jupons ondulent dans les eaux, sa chevelure nouée naguère s’effondre, ruisselle et frôle tendrement le liquide. Elle ferme les yeux, elle oublie les lianes qui enserraient ses chevilles. Ses mouvements sont lents, paresseux, elle caresse le courant du bout de la chair, de tous petits mouvements des mains, un léger battement des pieds, elle oscille à la surface. Les algues la retiennent lorsqu’elle est sur le point de basculer. Tout est si calme. Le souffle de l’eau pure et la fraîcheur du zéphyr. Ses cheveux ont la couleur de l’érable et des reflets de feu mais l’eau les éteint, elle les dérobe jalousement aux regards, elle se nourrit avidement des flammes de ses boucles et de la rougeur de ses joues.
sa peau d’albâtre – elle ne peut paraître trop en vie dans ce paysage pastel et la transparence de son corsage…
L’horizon d’un or un peu ocre, champagne : le ciel comme une fontaine de fête. Les arbres denses, surmontés de nuages émeraude qui chancèlent au rythme du vent. Et l’eau pure, elle révèle ce qu’elle tente de dissimuler en son sein, d’un bleu presque transparent, surannée, une perfection que l’on ne peut trouver que dans une enclave dérobée aux regards, une alcôve à l’abri des hommes. Et dans cette eau claire et aérienne se berce doucement une jeune femme, aux couleurs si vives dans cette peinture épurée ; tellement dense, et sa robe de promise d’une blancheur éclatante se noie dans la beauté ineffable d’Ophélia.

Jeudi 17 septembre 2009 à 18:12

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Je ne sais si je pourrais vous conter cette histoire, finalement, car elle aussi fragile qu’une toile d’araignée. Au fond, toutes les histoires d’amour dont on vous gave ne sont que des vaudevilles améliorés. Toujours les mêmes papillons et les mêmes insectes, les mêmes veuves noires et les mêmes abîmes (car un amour nous laisse toujours un peu abîmé, un peu cassé) dans lesquels se brisent bras et jambes et le cœur aussi.
Il s’assoit avec désinvolture, je le dépèce de la tête aux pieds et il relève la tête. Il va me voir les couteaux dans les yeux, il va me voir le mettre à nu au fer de mon désir. Je disparais. Je me repais du goût de son sourire, de la courbe de ses iris.
Je voudrais que nous soyons côte à côté, le temps d’un soupir, pour partager quelques mots et peut-être quelques gestes perdus.
J’entends son souffle qui caresse d’autres que moi –je les hais. Il plaisante –sur ses relations amoureuses, sur moi. J’aime lorsqu’il m’évoque. Ça me donne le sentiment de compter, rien qu’un peu.
Cette insoutenable distance. Je suis prise dans sa toile et lentement il m’a dévoré. Et tout s’est déchiré.

Vendredi 11 septembre 2009 à 20:39

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Cushart

Mes yeux qui battent des ailes. Une douce langueur lacère mes membres mais je ne peux pas dormir pas déjà. Un palais bleu glacé me renvoie mon reflet à l’infini, mon tombeau. Je sens l’enfant geindre en mon sein. Je s la femme aux milliers de visages, c’est le prix à payer. Je suis le sacrifice, il est marqué dans ma chair, dans mes courbes douces de femme. Je glisse, le fleuve est froid comme la mort, étendue sur un lit glacé. Les eaux défilent doucement sous ma peau, si lourde… je peine à garder… conscience, je ne sais plus : qu’est-ce qui comptait tellement ? Mon souffle se condense et mes joues se constellent de givre. Je devrais avoir mal, je devrais avoir peur mais tout est si lointain. J’ai hâte de rencontrer mon bébé, il vient me rencontrer. Tout tremble et se voile, les aiguilles effilées s’arrachent à la voûte et tourbillonnent  vers moi, mais je ne peux rien faire, je tiens mon bébé dans mes bras et je le vois qui me sourie. Il tombe dans le Styx et le courant l’emporte, il s’appelle Lilith.

Mercredi 9 septembre 2009 à 19:02

- Aber er stribt mit Milde !
- Vous êtes gentille, vous, avec votre douceur ou pas c'est la mort dans votre interprétation ! Quelle cruauté très féminine !

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