Mercredi 12 août 2009 à 22:09

http://melancholic.cowblog.fr/images/22724759831.jpg

Une cigarette. Une parenthèse, un petit instant volé aux minutes qui s’égrènent, quelques gouttes arrachées à la clepsydre. Un petit instant pour être seul à soi-même, pour penser, pour se perdre. Une douleur qu’on payera bien sûr, pourquoi se morfondre ? Instant d’été, plus tard. Tout est si calme. Une douce chaleur, cette lueur dans la brume. Ma tête me lance. Nos retrouvailles, plus tard. Deux âmes qui s’évitent, s’effleurent. Mon cœur à fleur de peau. Reviens-moi toujours. Un peu de fumée dans le lointain. Mes cris qui s’égarent. Neige d’étoiles filantes.

Lundi 10 août 2009 à 21:23

http://melancholic.cowblog.fr/images/955703856.jpg

C’était une douce chaleur au creux de son ventre. Elle avait déjà ressenti ça autrefois, bien sûr, mais elle se plaisait à croire que cette fois c’était différent. Jamais elle n’avait senti son corps frissonner de passion, gémissant avant même qu’il ne la touche, se perdre en lui, encore et encore, la certitude de pouvoir tomber, toujours plus loin, toujours plus étroitement, car il était de taille à la porter jusqu’au bout du monde. Elle ne se souvenait pas avoir été jamais habitée cette paix, cette assurance tranquille qu’elle n’avait rien à craindre, jamais. Car elle est de ces femme-océans, tellement rongée de peur et de fiel. Une de ces femmes qui croient voir le monde en face, qui tombent en miettes devant cette détresse qui suinte de la terre même, qui se savent tellement impuissante. Ces femmes ont besoin de poser leurs yeux sur de la Beauté, parfois. Et elle aimait à croire qu’elle l’avait trouvée.
Elle est dingue de la douceur de sa peau, des étincelles qui effleurent leurs peaux lorsque leurs épidermes s’entrechoquent, des regards qu’il pose sur elle, plein de plans tirés sur la comète et de l’amour à la place des larmes. Elle aime l’odeur musquée de sa peau lorsqu’il ne la sature pas de parfum. Elle aime encore plus son parfum, son empreinte olfactive qui lui fait tourner la tête. Elle, la poupée d’amertume forgée à l’arsenic, admirait sa bonté, car elle était sans pitié, utilisant des mots comme des fers tranchants à dépecer les âmes. Jamais elle n’avait entendu la rancœur franchir les lèvres de son amant. Amant de con cœur, amoureux de son corps, elle aimait devenir voluptueusement une femme entre ses bras, comme si elle était lavée de cette idole grimaçante qu’elle avait été, comme si elle était lavée de cette fille qu’elle avait été entre d’autres bras.
La vérité, c’est qu’elle se sentait comblée. Elle l’aimait, rien de plus.
Elle appréciait les instants qu’ils passaient ensemble, comme des pastilles de chocolat qu’elle laisserait fondre sur sa langue, saveur sucrée-amère. Car si sa présence était un délice inexorable ; être arrachée à lui, à ses mots, ses gestes enivrants, ses yeux comme des flèches qui la terrassent… Tout cela lui rappelait douloureusement la conscience du temps qui musarde et gamberge, et écartèle les amants.

Mardi 14 juillet 2009 à 11:08

Elle tirait les cartes au bord d’un feu de bois et de quiétude. La pièce était jonchée de babioles pittoresques et hétéroclites, comme les trophées extirpés de mille voyages, comme le signe d’une vie spirituelle bouillonnante. La propriétaire de cette ruine bancale ne pouvait être qu’exceptionnelle ; de ces êtres à part, intensément humains, qu’on brûle de rencontrer dans l’espoir d’être touchés par leur grâce incandescente ; sans jamais songer à ce qu’on pourrait leur apporter en retour. Comme si leur bonté, leur amour palpable et leur sagesse les arrachaient à ces calculs tellement humains, faits de désirs, d’attentes, de passions.
Les pièces de sa maison étaient peuplés d’objets inutiles et chargé d’une âme, arrangées façon baroque et gitane, comme saturées au hasard et pourtant cette bicoque à la façade salamandrée respirait d’énergie.
Elle tirait les cartes, éclairée à la lueur seule du feu et d’une lampe à l’ancienne, il faisait nuit depuis si longtemps que j’avais perdu le compte des heures. Elle répugnait à se servir de l’électricité, lui préférant la chaleur sensuelle de la flamme.
Elle tirait les cartes et tout était si calme, une harmonie de cristal résonnait dans les pièces silencieuses et pourtant il était temps de partir, son corps vibrait d’une injonction silencieuse et pourtant je ne pouvais m‘arracher à ce fauteuil élimé et douillet, à la moiteur de l’atmosphère qui régnait dans cette demeure, elle en était la reine de Sabbat.
La porte s’ouvrit comme une invitation et je pris congé, happé par les nimbes ténébreuses du corridor.

Samedi 11 juillet 2009 à 18:45

http://melancholic.cowblog.fr/images/731340034.jpg

Je pensais que je saurais quoi te dire en pareilles circonstances, mais on ne sait jamais vraiment quoi dire. J’aimerai que tu voies par mes yeux les galets inconfortables, les reflux qui soupirent et le ciel cendré. Mais toi et moi ne feront jamais un. Rejoins-moi. C’est amusant, il n’y a personne ici. Je vais au café, je me prépare moi-même un expresso trop serré et je laisse quelques pièces sur le zinc, je sais que quelqu’un s’en empare. C’est comme si l’Humanité s’était retiré d’ici. Je t’envoie le goût des embruns sur mes lèvres, mon amour.

Lundi 29 juin 2009 à 22:27

http://melancholic.cowblog.fr/images/L.gif
Qu’est-ce que tu voulais que je te dise ? Tu n’es qu’une poupée sans fil. Déchéance et déformation. Tu vois, je voulais te dire quelque chose de gentil, de moelleux et de tiède, mais encore une fois tu gâches tout.
Charlotte était une femme surprenante, au premier rendez-vous elle m’a fascinée, le deuxième elle m’assommait. C’est injuste.
Nous nous sommes mariés, par lassitude. Charlotte est délicieuse, elle m’écœure. Chérie, et si je t’installais sur l’étagère, près des plats de porcelaine que tu aimes tant, tu seras si bien.
Charlotte ne pouvait se passer de « son crâne », une espace d’horreur en calcium d’origine probablement macaque. Au début, c’était un simple élément de décoration d’un goût douteux, il prenait la poussière sur les tables basses ou les coins d’étagères, je prenais soin à le mettre à l’abri des regards. Mais Charlotte est une femme « profonde », Charlotte a besoin de réfléchir à la mort, alors Nestor est devenu le meilleur ami de Charlotte. Il a commencé à se faire plus présent, plus pressant, à déjeuner à notre table et regarder des racines et des ailes avec Charlotte. Il a fini par la suivre partout, lorsqu’elle fait ses ablutions et dans la chambre conjugale. J’en ai assez de m’ébattre devant un squelette. Et avec un squelette. Car ce brave Nestor a fini par prendre part. J’ai encore les marques de dents.
Alors mon clafouti, puisque tu penses tellement à la mort, pourquoi attendre un instant de plus ? Je vais chercher la pelle.

<< I'm Darkness | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | I'm Sin >>

Créer un podcast