Dimanche 14 juin 2009 à 14:57

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Après être devenue le plus grand écrivain que la Terre ait portée et avoir acculé mon tendre époux au suicide (Bill Gates, pour ceux qui suivent), quasi-maîtresse du monde, j’ai commencé à m’ennuyer un peu. Je sentais qu’il manquait quelque chose pour m’inscrire dans la postérité.
Que sert d’être quasi-maîtresse du monde si on se fait importuner par la musique de son voisin ?
Heureusement qu’il y a le métal pour couvrir ces babillages, travailler en écoutant des odes à la gloire du Maître, amplifiées par fée électronique...
Je regardais la tour Eiffel, l’éternel tache du paysage parisien inutile, lorsque j’eus l’illumination. Paris était destiné à devenir le Jérusalem du patron.
Les idées venaient d’elles-mêmes, comme si elles n’avaient attendu que cette impulsion : je m’installerai avec mon agent littéraire et en moins de deux le quartier serait déclaré zone sinistrée, je pourrais dormir sans entendre la pollution sonore du voisin et tendre des tentures noires aux fenêtres de l’appartement pour y organiser des sacrifices de pigeons. Je prendrais le contrôle de ma boutique préférée, Gibert Joseph, et fini la couleur jaune pour le logo, noir c’est tellement mieux, enfin une grande librairie sataniste. La tour Eiffel, le pieu pour empiler nos trophées. L’arc de Triomphe, nouveau terrain de saut à l’élastique sans élastique, pour les hérétiques qui sont encore pour Dieu dans la rixe céleste. Il faudra repeindre le Sacré Cœur en noir. La Madeline serait notre temple, pourvu que cette petite sotte arrête de pleurer, et le Louvre notre sacristie, avec sa pyramide à 666 carreaux. La Seine serait notre Achéron et les cadavres flotteraient deci-dela jusqu’au Havre où ils trouveraient peut-être la paix loin de notre aura de destruction. Les rats se baladeront librement et il faudra céder le passage aux chauves-souris.
Bien sûr après les pigeons on passerait aux sacrifices humains, dommage qu’il n’y ait plus de tecktoniks (engloutis dans un tremblement de terre ?) mais Dieu merci il reste quelques « techno-dance » et des poufs. Une pouf par jour pour alimenter en sang chaque fontaine de Paris avant qu’il ne coagule. Les restes seront pour les émos, ils faut bien les nourrir ils n’ont que la peau sur les os (mon âme charitable me perdra) et puis s’ils en décèdent, ils ne vont pas se plaindre, ils voulaient mourir de toute façon. Ils seront les prochains lorsqu’il n’y aura plus de poufs.
Si ça vous choque, c’est que vous n’avez pas compris notre œuvre, c’est juste pour rendre un peu de punch à Paris parce que qu’est-ce qu’on s’y ennuie, nous proposons un programme eugéniste particulièrement étendu visant à limiter la connerie humaine, et vive les épis de blé.
Je pourrais faire de Ronald un symbole, pendu haut et court à la tour Montparnasse, Paris manque de verdure (genre roses noires, orties, mauvaises herbes, pissenlits à consommer par la racine…) et Ronald serait mon jardin. On mésestime toujours les dangers du jardinage, et la main verte de l’ignoble créature que je suis. On sous-estime toujours les nains de jardin, leurs airs vicieux et leurs bonnes joues pleines et rouges d’alcooliques sur le déclin, ils hantent les jardins des braves gens, ils seront mes serviteurs, c’est cro meugnon.
D’ailleurs on ferait bien de s’y mettre. Nous avons du pain sur la planche : du pain béni.

Vendredi 12 juin 2009 à 18:39

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Mon père me jetait un regard accusateur. Cela faisait peut-être deux semaines ou trois que je n’étais pas rentrée à la maison. Pour m’en débarrasser, je lui lançais « J’ai quinze ans, c’est normal que j’ai envie de passer du temps avec mes amis, non ? » Ma mère releva la tête mais ne dit rien. Elle n’était pas ce genre de femmes. Je compris. Je n’avais plus quinze ans, je n’avais plus quinze ans depuis longtemps. Je ne savais plus quel âge j’avais, une fille de quinze ans ne vit pas dans le studio financé par ses parents. J’avais finalement atteint cet âge abhorré, cet âge entre vie et mort des adultes, où on construit lentement la future tombe qui nous fera ressembler à tout le monde, dans l’indifférence des transports en commun. Je m’étais faite rattraper par le temps sans que je ne m’en rende compte. J’allais avoir dix-neuf ans, j’allais avoir vingt ans, peut-être plus, j’allais devenir une jeune grande et ce n’était pas moi ça, je me regardais dans le miroir et j’avais quinze ans pour toujours. Comment était-ce arrivé ? Rien n’avait changé à part cette lettre écarlate, je n’aurais jamais plus quinze ans. J’étais tellement heureuse, je voudrais qu’elle se répète à l’infini, qu’importe que je n’aie plus quinze tant que ma vie est aussi étincelante qu’en cet instant, je ne suis pas encore morte, j’aime ce que je fais, j’aime mais qu’en sera-t-il de demain ? Que m’arrivera-t-il lorsque je me ferai happer par l’engrenage des ans qui passent et de la vie qui se tasse, que m’arrivera-t-il lorsque j’oublierai que j’ai eu quinze ans ? Que restera-t-il de moi ?

Vendredi 12 juin 2009 à 16:10

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Je pensais que ce serait facile, tu vas. Ni vu ni connu, je t’assassine. Mais là c’est comme après l’amour, je sais pas quoi faire du corps. T’as toujours été lourd, mais là tu me fais carrément pas mourir de rire. Mais tu comprends pas Ronald, déjà avec un nom comme ça tu aurais déjà dû aller te pendre avec que ce soit à moi de le faire. On peut compter sur personne, surtout pour les morts, j’ai remarqué ça. Mais tu sais bien que ça fait trois ans que je t’ai sur le dos, maintenant j’ai ton corps sur les bras, ça me soulage. Je suis Atlas qui joue au bowling avec la Terre. Strike, j’ai défoncé Saturne. T’es un mec bien, j’aurais pas dit le contraire, mais pas un mec pour moi. J’ai essayé de te le dire, mais un peu dur de la feuille, le garçon, hum ? t’as des pissenlits qui poussent dans les oreilles. Je voulais me débarrasser de toi, je souhaitais ne jamais t’avoir rencontré, et c’est bon tu n’existes plus. Si tu savais combien de fois j’ai fantasmé ce moment. Elle est belle, la fille de tes rêves. J’étais crevée Ronald et maintenant tu vas dormir pour deux. Je te laisse mon lit, je sais que tu en rêvais. Je te laisse les clefs aussi. Bonne putréfaction, tu ne me manqueras pas.

Samedi 6 juin 2009 à 15:47

 
http://melancholic.cowblog.fr/images/3928383.jpg- Dis-moi un truc gentil.
Dieu que les femmes sont agaçantes.
- Laisse-moi dormir.
Pas besoin d’ouvrir les paupières pour sentir son regard humide d’épagneul agonisant se poser sur moi.
- Dis-moi quelque chose de méchant ?...
- Je t’aime.
Comme un bruit sourd de chute. Madame est servie.
Elle ne dit plus rien : je peux enfin sombrer dans les bras de mon vieil ami Morphée.

Samedi 6 juin 2009 à 15:42

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C’est une fête foraine, des éclisses de couleurs qui brûlent et tournoient, elles frappent la pupille comme une giboulée de confiseries (rose, orange… : ce monde ne peut être réel). Des enfants suçotent des glaces, des éclats de voix, des jeunes qui se bousculent, des éclats de rires : tout cela est épuisant et réconfortant. La danse des cygnes est lin à présent, la fête a la beauté un peu vulgaire de la pomme d’amour.
On croque avec provocation le fruit défendu, la langue s’égare sur le caramel rougi, des échardes de sucre se plaquent sur les lèvres. C’est chaud et moite, la pomme a la saveur un peu fade des bacchanales qui s’éteignent.
Un tour de manège. Et on recommence.

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