Lundi 10 août 2009 à 21:40

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Le temps avait passé mais certaines choses sont inaltérables. Deux petites vieilles dans un appartement au 7ème étage. Leurs enfants insistent pour qu’elles déménagent dans un endroit plus pratique, plus accessible, plus aéré ; au lieu de se tasser dans les combles. Elles leur ont rit au nez. Leurs familles se sentaient toujours gênés lorsqu’elles étaient ensemble, comment ne pas se sentir de trop ?
-          Nana devine quoi ? I y a un groupe de soutien à Billy Krauvitz, histoire qu’il ne vive pas trop mal sa calvitie.
-          Tu veux dire qu’il est encore vivant ? Trois mois sans scandale, je pensais qu’il était enfin trépassé.
-          Si tu veux mon avis, sa vie ne tient qu’à un bistouri. Mais dès qu’il collera sur sa tête les scalps de lion de sa jeunesse, il reprendra du poil de la bête et renaitra de ses cendres tel le phœnix post-peeling.
Rire chaleureux, complice. Quand elles étaient ensemble, rien ne semblait avoir changé, les rides qui caressaient leurs visages s’estompaient.
Sans doute personne ne comprendrait cette tocade, réaliser ce rêve d’ado, s’installer toutes les deux. Qui a besoin d’une famille lorsqu’on a une moitié ?
À présent, elles étaient l’une à l’autre, partageant cette intimité, cette brisé d’été (rafraichissante et enveloppante, comme de la soie). Elles resteraient appart’ 707. Jusqu’à ce qu’elles aient une meilleure idée.

Lundi 10 août 2009 à 21:23

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C’était une douce chaleur au creux de son ventre. Elle avait déjà ressenti ça autrefois, bien sûr, mais elle se plaisait à croire que cette fois c’était différent. Jamais elle n’avait senti son corps frissonner de passion, gémissant avant même qu’il ne la touche, se perdre en lui, encore et encore, la certitude de pouvoir tomber, toujours plus loin, toujours plus étroitement, car il était de taille à la porter jusqu’au bout du monde. Elle ne se souvenait pas avoir été jamais habitée cette paix, cette assurance tranquille qu’elle n’avait rien à craindre, jamais. Car elle est de ces femme-océans, tellement rongée de peur et de fiel. Une de ces femmes qui croient voir le monde en face, qui tombent en miettes devant cette détresse qui suinte de la terre même, qui se savent tellement impuissante. Ces femmes ont besoin de poser leurs yeux sur de la Beauté, parfois. Et elle aimait à croire qu’elle l’avait trouvée.
Elle est dingue de la douceur de sa peau, des étincelles qui effleurent leurs peaux lorsque leurs épidermes s’entrechoquent, des regards qu’il pose sur elle, plein de plans tirés sur la comète et de l’amour à la place des larmes. Elle aime l’odeur musquée de sa peau lorsqu’il ne la sature pas de parfum. Elle aime encore plus son parfum, son empreinte olfactive qui lui fait tourner la tête. Elle, la poupée d’amertume forgée à l’arsenic, admirait sa bonté, car elle était sans pitié, utilisant des mots comme des fers tranchants à dépecer les âmes. Jamais elle n’avait entendu la rancœur franchir les lèvres de son amant. Amant de con cœur, amoureux de son corps, elle aimait devenir voluptueusement une femme entre ses bras, comme si elle était lavée de cette idole grimaçante qu’elle avait été, comme si elle était lavée de cette fille qu’elle avait été entre d’autres bras.
La vérité, c’est qu’elle se sentait comblée. Elle l’aimait, rien de plus.
Elle appréciait les instants qu’ils passaient ensemble, comme des pastilles de chocolat qu’elle laisserait fondre sur sa langue, saveur sucrée-amère. Car si sa présence était un délice inexorable ; être arrachée à lui, à ses mots, ses gestes enivrants, ses yeux comme des flèches qui la terrassent… Tout cela lui rappelait douloureusement la conscience du temps qui musarde et gamberge, et écartèle les amants.

Samedi 25 juillet 2009 à 10:14

En guest-star :
- Il y a des tarifs pour les enseignants ?
- Comment ça se passe pour les spécimens ?
- Vous fermez quand ? (on ne ferme pas, comme c’est écrit sur la porte)
- Vous avez des toilettes ? (non, pourquoi, on a l’air d’un bistrot ?)
- Les éditions Foucher ? (au fond, à droite)
- Vous avez un numéro de téléphone ? (ces gens doivent ignorer l’existence d’Internet)
- Quand sort le livre du prof ?
Finalement, je pense que l’enseignant n’est pas vraiment un rat stupide frappé de cécité. C’est juste que leur grande passion, c’est faire tourner en bourrique les fourmis travailleurs de la librairie. C’est pour ça qu’ils n’hésitent pas à traîner dans le magasin après la fermeture. Pour ne rien acheter. Et se plaindre de la politique commerciale est vraiment inférieur à celle des autres maisons, et que c’est dissuasif, et qu’il faut le faire remonter à la direction. D’où l’ultime paradoxe : si le service est à ce point minable, pourquoi s’obstiner à prendre nos livres ? Et s’ils sont misanthropes, pourquoi se déplacer lorsqu’ils pourraient commander sans le moindre contact humain ? (autre paradoxe : l’enseignant préfère passer commande à la librairie et se fatiguer à revenir plutôt que de se faire livrer. Nul doute que leur rapacité leur fait craindre de dilapider leur salaire de fonctionnaire en frais de port).
L’avantage de travailler dans une librairie enseignante, c’est qu’on tombe sur des OVNIs « Vous avez des livres de cuisines/des livres sur les samouraïs ? » ou « vous vendez des jouets ? Do you sell map or coloring albums ? » qui n’ont visiblement pas lu la devanture avant de pousser la porte.
J’aimerai conclure par quelques mots très simples, à tous les enseignants qui liront ces lignes : ces manuels et autres livre du professeur, vous en achetez maximum une fois par an, alors arrêtez de me dire que ces dépenses ne sont pas déduites de vos impôts. Parce que franchement, c’est pas la ruine.

Vendredi 24 juillet 2009 à 23:11

Le professeur se croit une personne si exceptionnelle qu’il s’étonne de n’avoir reçu des spécimens de l’année (comment ? le fichier ignore leur nom ? Mais cela ne se peut !) ou pire, d’avoir à présenter le minimum (comme une attestation quelconque de leur état d’enseignant ou une liste de manuels en bonne et due forme). Sans doute faut-il leur expliquer la différence entre une librairie et une maison d’édition.
Mais ne pas être en règle n’a jamais empêché un enseignant de se battre bec et ongles pour ses privilèges.
Cependant l’enseignant n’est pas le seul à se croire sorti de la cuisse de Jupiter : parfois certains clients tout ce qu’il y a de plus fade s’enquérissent « il y a des réductions ? ». Et en quel honneur ? Celle du déplacement de sa majestueuse personne ?
Dépité de n’être élu au Panthéon des bénéficiaires de réduction, le client écoeuré tire sa révérence sur un « hé bas vous pouvez vous le garder ! Allez, Salut ! »
La grossièreté de l’énergumène est sans borne.
Pour en revenir à l’enseignant, il est de plus un assisté. Le terme vacance prend tout son sens lorsqu’on observe sa paresse de pacha (il met son cerveau en stand-by ?).
Des livres à acquérir ? Pourquoi prendre la peine de les chercher lorsqu’un larbin peut s’en charger ?
Le prix d’un ouvrage ? Pourquoi se fatiguer à retourner l’ouvrage et déchiffrer son prix à côté du code barre ? La sortie du guide pédagogique (grand leitmotiv du chétif professeur qui craint de ne pas faire son cours tout seul) ? Pourquoi s’épuiser à regarder dans le catalogue ou simplement jeté un œil sur le message scotché sur le manuel qu’on s’apprête à acquérir, hum ? Ou les horaires fixées sur la porte d’entrée ? Pourquoi ? L’horloge parlante le fait si bien.
Finalement, rien ne ressemble plus à un enseignant qu’un autre enseignant (ou une chèvre), ils posent tous les mêmes questions.

Vendredi 24 juillet 2009 à 22:34

N’écoutez pas ce qu’on vous raconte. Il n’y a rien de plus grossier, de plus laid et de plus antipathique qu’un client. C’est une espèce à part, régie part une seule loi « je suis roi » et il compte bien user de son petit pouvoir le plus longtemps possible (la vie est tellement fade). Encore, lorsqu’il paye, me direz-vous… Mais justement, dans les librairies pour enseignants, les clients mettent un mystérieux acharnement à ne pas payer.
Il faut savoir que la race que j’ai le plus côtoyé lors de mon périple héroïque dans le monde de la vente, ce sont les enseignant. Et ce sont des rats.
Tout d’abord le seul mot que l’enseignant a à la bouche, c’est spécimen. Ils n’ont pas conscience que le spécimen est une offre promotionnelle destinée à la diffusion de nouveaux manuels, non. Le prof vit dans un autre monde. Un monde où les spécimens sont un droit inaliénable et où il est légitime de les réclamer à hauts cris jusqu’à ce qu’on leur donne ou ce qu’on les égorge.
À vrai dire, l’enseignant va dans les librairies pour ne pas payer, car tout lui est dû. Si on a le malheur de lui annoncer que son manuel lui coûtera quatre euros (ce qui est le prix d’au moins quatre baguettes, en lieu et place du prix public, de vingt euros), on croirait qu’on vient d’attenter à sa vie. S’en suivent les inévitable « chez le concurrent…/je veux parler à votre supérieur !/allez soyez mignon et/ou commercial faites-moi 5%... ».
D’ailleurs l’enseignant s’ébahit du fait qu’on ne lui accorde pas plus de réduction supérieur à 5% aux livres vendus à leur auguste personne. Ne mérite-t-elle pas 30%, 50% ? Il faudrait qu’ils intègrent que c’est le maximum légal.
Le professeur se croit une personne si exceptionnelle qu’il s’étonne de n’avoir reçu des spécimens de l’année (comment ? le fichier ignore leur nom ? Mais cela ne se peut !) ou pire, d’avoir à présenter le minimum (comme une attestation quelconque de leur état d’enseignant ou une liste de manuels en bonne et due forme). Sans doute faut-il leur expliquer la différence entre une librairie et une maison d’édition.
Mais ne pas être en règle n’a jamais empêché un enseignant de se battre bec et ongles pour ses privilèges.


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