J'ai eu 18 ans cette année, mais au fond moi je pensais que ça ne changerait rien. J'ai jamais eu l'intention de vieillir, j'espère que ça ne m'arrivera jamais. De m'aigrir je veux dire. Je le suis déjà tellement...
J'aimais bien Noël. Pas la fête en elle-même. Mais l'ambiance de l'Avent, cette électricité que produisent les gens qui sont heureux sur commande.
Cette année, rien. je n'ai même pas le début d'une idée de cadeau, à part quelques bouquins, comme d'habitude, un certain type de robes que j'adore.
Tout à l'heure, je regardais notre sapin de classe tout enrubanné et je me disais qu'est-ce que c'est moche. Toutes ces paillettes dans les magasins me sortent par les yeux, je regarde les jouets exposés pour que les mômes forcent leurs parents à les acheter et j'avais envie de rire, de hurler à la farce, au grotesque. C'est si laid, de plus en plus artificiel et moche. Je hais les mères de famille qui font leurs courses non stop, on dirait, dès que je veux acheter trois feuilles de salade j'en ai pour 20 minutes d'attentes. Tout est devenu tellement artificiel.
Qu'est-ce qui s'est passé. Qu'est-ce qui m'est arrivé. J'ai 18 ans. Je suis périmée.
Jeudi 11 décembre 2008 à 17:46
Mercredi 10 décembre 2008 à 16:55
Et qu'est-ce que ça peut bien faire ? Qu'est-ce que ça peut bien faire, toute cette merde, autour de nous, celle qu'on porte en nous, bon gré mal gré.
Je pourrais tuer, je n'ai plus peur.
Achever un être vivant, qu'est-ce que ça peut bien faire ? Abréger les souffrances d'un tas de chairs saignant et déjà pourrissant, marchant chaque jour vers son inévitable et confondante fin.
Ceux qui croient encore que l'homme est perfectible feraient mieux d'ouvrir les yeux. Je ne vois que désolation, la Beauté se cache sous un tas de fumiers. À l'ère des droits de l'homme et de la liberté toujours croissante et inquiétante, devenons-nous meilleurs ?
Donner vie à un être devrait être une honte, pas un heureux événement.
Peut-on atteindre le bonheur tandis que des cœurs crèvent sous les ponts ?
On existe dans le regard des autres, je n'existe que pour écrire puisque c'est tout ce qu'il me reste, dieu merci c'est assez.
Ne posez pas de questions, jouons encore à cette farce gigantesque, rions, il me reste cela aussi.
L'ère du vide. Je suis un désert humain, avide d'une pluie torrentielle mais tout est soumis à l'écœurante finitude.
Vivre, n'est-ce pas cautionner ce système pourri ?
Rien n'a plus de sens, rien n'a jamais eu de sens.
Sauvez-moi.
Jurez-moi un amour indicible, inexorable, un amour qui fasse mentir le temps qui passe et son feu destructeur qui consume mon épiderme, faites-vous aimer, faites-vous aimer de moi jusqu'à ce que je n'en puisse plus de vous et de votre servitude inaltérable.
Lisez ces lignes, soyez émus, mystérieusement touchés, abdiquez, avouez-vous vaincu. Prouvez-moi que j'en vaux la peine, même si je ne suis pas dupe. Ma mort sur la conscience qu'est-ce que ça change.
Tout n'est qu'un éternel recommencement, une boucle qui à chaque tour arrache un fragment de notre âme. Ce qu'il en reste. On ne vit que pour être aimé, on meurt à chaque fois qu'on se quitte. Et ça fait mal à en crever mais on en crève jamais ce serait tellement plus simple.
Il n'y a pas de sauvetage, pas d'alternative, on ne cesse jamais de souffrir, de se noyer, on se distrait. Divertissez-moi. Faites-moi suspendre le cours de mes pensées.
Et si vous êtes trop faibles, laissez-moi moi donc en paix, qu'est-ce que je pourrais bien avoir à faire de vous ? Seule ou non, rien ne remplace la perte. Tant pis.
Mardi 9 décembre 2008 à 21:38
La vérité, c'est que je ne peux plus écrire. Trop peur de toucher à cette douleur sourde que j'essaye d'enfouir sous un tas d'ordures.
« Que ne puis-je savoir si j'aime ou si je haïs ? » Hermione
Je ne sais plus. Je suis sans doute perdue mais j'ai pas trop envie de démêler l'écheveau. Est-ce que je me raccroche aux vieux souvenirs, est-ce que je l'aime encore à en mourir, est-ce que je tente de me protéger ? Une muraille de fer de feu d'acier de sang. Pourquoi n'ai-je pas envie de le voir, de lui parler, et qu'en même temps cela me fait mal ? Trop peur des marques d'affections qu'il ne me donne pas, qu'il ne me donne plus, j'imagine. Se jeter dans une autre histoire, à la tête d'un autre, demain un troisième, de toute façon je ne leur plais pas. Au fond, j'ai juste peur d'être seule. Comme tout le monde. Tout cela n'est qu'un mauvais rêve. Ou c'était inévitable, je ne sais pas. C'était peut-être inévitable.
J'espère trouver quelqu'un d'autre, vite, et m'y jeter à corps perdu. De toute façon, qu'est-ce que ça changerait ?
Même ce que j'écris est mauvais, des états d'âme comme j'en lis partout qui m'écœurent et qui m'énervent, comment ces minettes peuvent croire qu'on s'intéresse à leurs petits nombrils stériles, et leurs histoires d'amour ratées qui au fond sont les mêmes que toutes les autres... C'est au fond du gouffre que je me rends compte à quel point notre histoire, mon histoire, mon petit morceau de paradis rose guimauve écœurant, est trivial, stérile. Je croyais que c'était différent, même que pendant quelques mois j'ai cru à l'amour éternel, yeah. Maintenant si j'envisage le mariage c'est juste pour le retenir captif, lié à moi par des liens que rien n'altérera jamais.
Tout cela est ridicule. J'ai lu quelque part « parfois, il est préférable de se quitter pour préserver les sentiments qui restent ». Ridicule. N'empêche. Je ne peux me résoudre à le quitter, du moins pas sans parachute, sans quelqu'un à qui me raccrocher, égoïstement (je n'ai jamais prétendu être quelqu'un de bien. Je suis comme tout le monde, même moins bien.). Au fond je suis persuadée qu'il me reviendra. Même si plus le temps passe moins cela semble sûr...
Je crois qu'au fond je suis prête à tout. Et pourtant il me dégoûte presque.
Vendredi 5 décembre 2008 à 20:44
- Mais non, les hommes ne regardent pas les femmes comme ça. Ils ne les embrassent pas comme cela. Les hommes ne prennent pas soin des femmes. Les hommes...
- Bien sûr qu'ils le font... Fermez les yeux...
- Qu'est-ce que tu fais ?
- J'ai dit fermez les yeux. Imaginez que je suis quelqu'un d'autre, n'importe qui, votre amour d'enfance ou votre mari... Est-ce que vous le voyez ?
Diane hocha la tête, tandis que Tim lui chuchotait ses instructions à l'oreille, effleurant sa peau du bout des doigts.
- Il vient vous rejoindre dans ta chambre, à la dérobée... Il fait nuit, il n'y a personne, pas un bruit... Vous avez déjà soufflé les chandelles, vous le l'attendiez pas, vous le l'attendiez plus... Vous ne l'avez même pas entendu pousser la porte, vous étiez sur le point de sombrer, lorsque vous avez senti quelqu'un se glisser doucement tout contre vous... Vous sentez presque son coeur battre...
Diane sentit les doigts de Tim défaire délicatement le nœud de sa robe et la faire glisser lentement le long de ses bras... Elle pouvait sentir le contact du tissu se détacher d'elle peu à peu à travers sa chemise, et la caresse de Tim doucement sur ses bras tandis qu'il la délassait de ses vêtements.
Il se tenait derrière elle et il la serra soudain contre son torse avec violence.
- Ne me laisse pas, répétait-il, ne me laisse pas...
Elle tenta de tourner la tête mais il l'en empêcha.
- Ne soyez pas si impatiente...
Il dégagea son épaule et y déposa des baisers très doux, qui faisaient frissonner Diane tant ils étaient légers. Ses doigts continuaient d'explorer le cou de cette dernière. Elle ne put retenir un soupir de volupté.
La bouche de Tim remonta sur la nuque de sa compagne tandis que sa main l'enlaça, juste sous la poitrine et sans doute se serait-il hardiment risqué à découvrir davantage d'épiderme, sans doute Diane se serait-elle offerte, vaincue, anéantie par cet ouragan sensuel, s'ils n'avaient été surpris par un bruit dans le couloir.
Tim adressa un sourire complice à sa complice et s'en fût, laissant Diane, terrassée, assise sur son lit, au plus creux de sa chambre, tandis que dans le couloir les serviteurs soufflaient les chandelles et qu'un loup hurlait peut-être dans le lointain.
Jeudi 4 décembre 2008 à 20:37
J'y pense chaque fois que le train passe.
Ce matin, un matin comme les autres. Donner le meilleur de soi-même, chaque jour... Chaque jour... ça a quelque chose de grisant. C'est sûr.
Je ne sais pas très bien quoi vous dire. Je vais bien, ça c'est sûr.
J'y passe chaque fois que le train passe, chaque fois que je traverse la rue.
Elle me présente une seringue, je la repousse avec un sourire. Je n'ai pas besoin de ça. Je ne suis pas malade. Je ne me suis jamais sentie aussi en vie, bordel, personne ne pourra jamais me retirer ça. Je n'ai jamais été aussi heureuse. Dans mon putain de malheur je suis quand même heureuse.
Toujours ces rêveries, ces petits éclats quotidiens. Sourire, encore. Légèreté.
Et j'y pense chaque fois que le train passe.
Je m'assois gracieusement sur un banc, je souris, j'évolue avec des gestes amples et élégants. Regardez-moi.
Je suis parfaite lorsque je joue mon rôle. Personne ne doit rien savoir. J'y pense chaque fois que je vois le train arriver au loin.
Je suis heureuse. Perdre de vue ceux que j'aime, c'est triste c'est sûr mais tant d'entre eux sont insignifiants... Ils ne sont pas des Rencontres, ils ne font pas partie de moi, ils ne logent pas sous ma peau. Mais certains me manquent, c'est sûr.
J'allume une cigarette défendue. Et puis après ?
Personne ne comprend. De toute façon chaque homme est seul, de sa naissance à sa mort. J'y pense chaque fois que je traverse à la sauvette, et une voiture surgit, au loin... trop loin ?
Jamais je ne pourrais à nouveau être heureuse comme je le suis à présent. Cette plénitude...
Personne ne m'attend, nulle part. Personne ne nous attend jamais nulle part.
Je veux vivre.
Leurs médoc, je les vomis. Leur vie insuffisante, je la vomis.
Quelque chose au fond de moi s'est apaisé. Pour combien de temps encore ? Alors je continuerai à mentir, je n'ai jamais cru en la sincérité.
Le train passe.
Ceci est mon testament. Si un jour je meurs, renversée par une voiture, dépecée par un train, n'ayez pas la naïveté de croire que ce soit un accident. Ce n'est jamais totalement un accident. C'est juste ce que j'ai toujours voulu. Je n'ai jamais eu envie de vivre. Jamais. J'accueillerai l'impact comme une libération. Je n'ai juste pas le courage de le précipiter moi-même. Je ne suis pas suicidaire. Je suis faible de tout votre amour pour moi.
Je suis heureuse. J'ai envie de mourir. Mais ça, vous ne pouvez pas le comprendre, j'imagine. Alors épargnez-moi les discours inquiets ou moralisateurs. Je ne vais pas vous laisser en paix si facilement. N'ayez pas peur. Je voulais juste que vous sachiez que si un jour je disparais, je n'étais pas triste. Alors, je vous en prie, ne versez pas trop de larmes sur mon cas. Il n'y a rien à regretter. Je n'ai jamais été quelqu'un de bien. Je n'ai jamais été quelqu'un d'intéressant, ni prometteur. J'ai toujours essayé de fuir, en toute lucidité.
Je n'ai pas l'étoffe de quelqu'un de génial. Juste une petite vie anonyme parmi tous les misérables petits insectes. Alors vous voyez, il n'y a rien à regretter.
Ne vous inquiétez pas, je suis heureuse. Pour l'instant. N'empêche. J'y pense chaque fois que le train passe. J'y pense vraiment.
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