Jeudi 1er octobre 2009 à 20:53

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Cette mystérieuse oppression. Un perpétuel chuchotement déchire le silence avec désinvolture. Chaleur moite. Les sons crèvent les tympans. Les feuilles ne brûlent pas encore aux arbres, tout est tellement pâle et ouaté. Je me sens accidentelle.
Jamais en repos, jamais apaisée. Un bûcher hérissé d’échardes. Cette oppression. Quelque chose ne va pas. Quelque chose doit être fait, doit être corrigé. Ce ressort dans nos tripes. Autour, des herses. Rien que les chaînes dans lesquelles je me suis lovée. Ses mots tirent des échardes. Courir sous les bombes. Un mot déplacé et le ciel se lézarde et son regard marron glacé. Ma peau se givre. Cet impossible aveu. Ridicule de se laisser affecter par ces choses sans importance. Et qu’est-ce qui est important. La vie comme un train qui passe. Ne pas y monter, une fois encore.
Demander pardon les genoux au sol pour ce qui n’a pas d’importance, ce qui est déjà oublié. Lire dans ses yeux la compassion, la douloureuse indulgence. Ça n’arrivera pas. Et puis après. Ce serait disparaitre. Je n’ai pas le courage.
De l’espoir sous perfusion. Je reste allongée dans ces draps blancs, la vie rythmée par le BIP des machines. Je ne me relèverai pas.

Jeudi 1er octobre 2009 à 20:48

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Soirée, automne. Un vent frais charrie des feuilles qui flamboient, il se glisse jusqu’aux chairs, morsure intime. Un parc faiblement éclairé par des flammes qui tremblent, des soleils épuisés. Des sentiers sombres, pavés de mélancolie. Un lac d’encre de Chine et des poissons énormes, avides, gavés par les visiteurs malgré les interdictions.
Peut-être que ce soir n’existerait pas s’il n’y avait une femme. Tout commence toujours par une femme.
Seule. Il est tellement difficile d’être seul à présent. Personne ne comprend qu’on puisse se suffire à soi-même. Personne ne comprend qu’on soit las de cette altérité bruyante, tapageuse, épuisante. Se fréquenter, pourquoi faire si ce n’est pas pour partager. Si ce n’est pas pour progresser. C’est tellement lassant. Se battre pour être avec autrui, se supporter, en tirer plaisir.
Ils ne comprennent pas.
Seule. Un café dilué, sucré, lactée. Pour mieux se concentrer, réfléchir. Regarder le monde, les arbres lorsqu’ils se croient seuls. Il suffit de tendre à l’immobilité, ne plus faire qu’un avec ce banc usé. Unir son souffle avec le vent.
Tout est tellement calme. Tellement reposant. L’obscurité permet cette communion, se perdre.
Une parenthèse. Loin des obligations, du trépignement du monde. Respiration. Le souffle du bosquet, du talus. On aimerait être devant des étendues vertes infinies mais il n’y a jamais que le frisson urbain. Asphyxie.
Le gobelet est vide et froid, un souffle a emporté les derniers oiseaux, le froid : on oublie de vivre. Il est temps de rentrer.

Mercredi 23 septembre 2009 à 15:32

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L’économie, ça devient inquiétant lorsqu’on s’éveille et qu’on se demande comment on va maximiser son utilité au cours de la journée à venir. Ou lorsqu’on voit un pédant avec un cigare aux lèvres dans un troquet miteux et qu’on s’exclame intérieurement avec un rire incrédule « mais c’est quoi cette fonction d’utilité ? »

Mardi 22 septembre 2009 à 16:59

Maison d'été, plus tard. Le doux murmure de l'eau claire. Nos prochaines retrouvailles.

Mardi 22 septembre 2009 à 16:57

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C’est ainsi que faible comme le jour elle s’étiole doucement, la mousse de ses jupons ondulent dans les eaux, sa chevelure nouée naguère s’effondre, ruisselle et frôle tendrement le liquide. Elle ferme les yeux, elle oublie les lianes qui enserraient ses chevilles. Ses mouvements sont lents, paresseux, elle caresse le courant du bout de la chair, de tous petits mouvements des mains, un léger battement des pieds, elle oscille à la surface. Les algues la retiennent lorsqu’elle est sur le point de basculer. Tout est si calme. Le souffle de l’eau pure et la fraîcheur du zéphyr. Ses cheveux ont la couleur de l’érable et des reflets de feu mais l’eau les éteint, elle les dérobe jalousement aux regards, elle se nourrit avidement des flammes de ses boucles et de la rougeur de ses joues.
sa peau d’albâtre – elle ne peut paraître trop en vie dans ce paysage pastel et la transparence de son corsage…
L’horizon d’un or un peu ocre, champagne : le ciel comme une fontaine de fête. Les arbres denses, surmontés de nuages émeraude qui chancèlent au rythme du vent. Et l’eau pure, elle révèle ce qu’elle tente de dissimuler en son sein, d’un bleu presque transparent, surannée, une perfection que l’on ne peut trouver que dans une enclave dérobée aux regards, une alcôve à l’abri des hommes. Et dans cette eau claire et aérienne se berce doucement une jeune femme, aux couleurs si vives dans cette peinture épurée ; tellement dense, et sa robe de promise d’une blancheur éclatante se noie dans la beauté ineffable d’Ophélia.

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