Mardi 22 septembre 2009 à 7:20

C’était un tendre après-midi d’octobre, le piano égraine les notes en cascades, elles n’en finissaient plus de tomber goutte à goutte.
Une de ces soirées crémeuses, onctueuses et épaisses, on s’y enfonce, on s’y blottit. On ne sait plus très bien quand le jour cède à la nuit, quand le ciel s’effondre.

Mardi 22 septembre 2009 à 7:15

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Les yeux papillonnent. Envie de fuir. Je jette un dernier regard à Andréas.

Dimanche 20 septembre 2009 à 0:37

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Il m’a toujours paru de la première importance de se réaliser en tant qu’être humain, quoi que cela puisse signifier. Vous en avez peut-être rencontré, des êtres qui irradient. Je ne saurai les définir, mais on se sent grandir, mystérieusement touché à leur contact. Voilà comment je les vois : en paix avec eux-mêmes,  ayant radiés leurs démons ; profondément libres et affranchis des conventions, et des regards. Débordants d’amour. Cultivés, car je n’imagine pas qu’on puisse se réaliser en tant qu’être humain sans se frotter à l’art, au monde, aux sciences – le meilleur. Mais c’est sans doute faire preuve d’ethnocentrisme de ma part. Comment arrivent-ils à s’élever ainsi au dessus du genre humain ? Peut-être par une psychanalyse (…), par un travail sur eux-mêmes en tous cas, peut-être les bonnes vieilles recettes : faire des efforts, faire preuve de maturité, prendre du recul, méditer, réaliser ses rêves, donner le meilleur de soi-même.
Dans mon esprit, se réaliser en tant qu’être humain est intimement lié au fait d’être une personne intéressante, quelqu’un de passionnant à écouter, qui respire l’intelligence et la sagesse, qui a toujours une anecdote, quelque chose de captivant et de fin et de pertinent à dire. Quelqu’un nous fait à la fois nous sentir sage par ce qu’il nous enseigne et tellement petit.
C’est le genre de personne que je rêve de fréquenter. Et de devenir.
Cela peut sans doute paraître paradoxal, pour quelqu’un qui ne veut  plus sortir de chez lui et qui refuse tout contact avec le monde extérieur. Car je doute que je puisse devenir ce genre de personnes sans émulation. Mais sans doute ai-je été trop dégoutée par les hommes, ceux qui s’avachissent dans leur médiocrité, qui se laisse gaiement aller aux facilités de la société de consommation et que sais-je encore, et du plaisir comme seule loi. Je suis lasse de ne point rencontrer ces êtres supérieurs (comme si je le méritais, comme si j’étais à la hauteur).
Mais au moins ici j’ai le temps de lire, de me renseigner, de penser (que faire d’autre ?), de tenter de ne pas céder à la facilité des distractions de l’infini de la Toile, qui vous capte et vous dévore. Profiter de la facilité d’Internet à relier les personnes. Espérer rencontrer des gens proches de mon idéal.
Enfin je ne suis plus seule. Je ne peux quitter le studio, je n’ai besoin de rien.
Bien sûr, rien ne remplace l’émulation du discours oral. Mais ces entretiens virtuels, c’est mieux que rien. J’essaye dans la retraite de me forger en tant qu’humaine. Lorsque je serai assez forte, je sortirai de mon cocon et irai affronter mes propres expériences.
Au fond, je ne crois pas qu’on naisse homme. On peut très bien naître homo sapiens et rester à un stade indéterminé entre l’orang outang ou  le bipède. On devient homme à la force du poignet. Comme tout le reste.

Samedi 19 septembre 2009 à 23:28

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Elles étaient belles, bien sûr, d’une beauté un peu symétrique et inquiétante. Leurs gestes pesaient de leurs longs après-midi de travail, passées à s’entraîner. Elles en venaient à se compléter. Et elles m’ont entrainée, presque malgré moi, dans leur couple-miroir. Elles aimaient à faire ça : se disputer une autre femme, la jeter en pâture entre leurs deux corps, la mettre en pièces. Elles aimaient former un trio bancal, instable par cette monstruosité, le chiffre trois, l’équilibre dans l’instabilité.
Elles me prenaient à partie, j’étais une arme et un bouclier. Elles me dressaient entre elles, se jetant des corps comme des balles, elles m’entrainaient loin l’une de l’autre. Elles ne se séparaient jamais de moi, pendant cette parenthèse fuligineuse de mon existence, et pourtant j’étais condamnée à être exclue de leur alliance, de leur couple. Lorsqu’elles étaient ensemble, je n’étais plus. Elles avaient des rires, des signes, que je ne parvenais pas à déchiffrer ; elles ne m’expliquaient pas, moins par défi ou par jeu que par distraction. Je n’étais pas destinée à parler leur langage.
Alors après leurs longs ébats à la barre, l’après-midi durant, leurs corps tendus vers le ciel, l’une ou l’autre me capturaient, et nous parlions jusqu’à l’aube, au rythme des cigarettes et de l’absinthe, détruisant consciencieusement le corps qu’elles sculptaient le jour durant.

Jeudi 17 septembre 2009 à 18:12

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Je ne sais si je pourrais vous conter cette histoire, finalement, car elle aussi fragile qu’une toile d’araignée. Au fond, toutes les histoires d’amour dont on vous gave ne sont que des vaudevilles améliorés. Toujours les mêmes papillons et les mêmes insectes, les mêmes veuves noires et les mêmes abîmes (car un amour nous laisse toujours un peu abîmé, un peu cassé) dans lesquels se brisent bras et jambes et le cœur aussi.
Il s’assoit avec désinvolture, je le dépèce de la tête aux pieds et il relève la tête. Il va me voir les couteaux dans les yeux, il va me voir le mettre à nu au fer de mon désir. Je disparais. Je me repais du goût de son sourire, de la courbe de ses iris.
Je voudrais que nous soyons côte à côté, le temps d’un soupir, pour partager quelques mots et peut-être quelques gestes perdus.
J’entends son souffle qui caresse d’autres que moi –je les hais. Il plaisante –sur ses relations amoureuses, sur moi. J’aime lorsqu’il m’évoque. Ça me donne le sentiment de compter, rien qu’un peu.
Cette insoutenable distance. Je suis prise dans sa toile et lentement il m’a dévoré. Et tout s’est déchiré.

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