Mardi 28 août 2007 à 8:50

Elle fumait à la fenêtre, un livre à la main. Peut-être le dernier Nothomb. Ou peut-être pas.
Les battants étaient grands ouverts, et un vent froid balayait cette petite chambre qui était devenue la nôtre.
Elle ne portait ne T-shirt, ni sous-vêtement apparent, et son jean déboutonné tombait sur ses hanches fines.
C'eut été un sérieux outrage à la pudeur s'il n'avait été minuit passé et que le campus entier dormait à poings fermés.
Elle dégageait un charme animal, agressif.


Soudain, elle ne m'apparu non plus comme Veronika, mais comme Victoria.
Qui était cette Victoria (son passé, son histoire), tout cela m'échappait totalement.
Elle était là, c'est tout. C'était la seule évidence.

L'incohérence s'échappa de mes lèvres, comme malgré moi, lorsqu'allongée sur le lit froissé, je la hélais : « Victoria. »
Elle ne releva pas les syllabes incongrues et me regarda longuement sans rien dire, un léger sourire se dessinant sur ses traits.

Qui n'a jamais vu Victoria, je veux dire Veronika, dans cette posture, finissant sa cigarette appuyée au cadre de la fenêtre béante, le visage nimbé de Lune, n'a jamais rencontré la Beauté.

Subjuguée par cette vision, je me levais, affamée d'elle (de ses mains, de sa peau, de ses lèvres).
Elle avait posé son livre au milieu de notre désordre conjugal et m'enlaça, le cylindre incandescent toujours entre ses doigts. Je lui faisais confiance. Aveuglément.
Ses bras saturés de fraîcheur nocturne mordaient mon dos nu.
Elle me serra plus fort, et je ne me souviens que de la silhouette de la Lune pleine, qui se découpait obstinément dans le ciel dépouillé d'étoiles.

Samedi 25 août 2007 à 13:51

 

- Je ne me laisserai pas assassiner.
- Excellent état d'esptit, mon cher.

Vendredi 24 août 2007 à 21:06

Enfin dans l'appart' avec Fée. Tout est bien.
Elle est magnifique, le bonheur lui va bien au teint.
Parfois, je suspends mon geste et je lui dis « Fée, je suis heureuse » et elle sourit sans rien dire.
Je suis heureuse bien vite, n'est-ce pas ?
Et puis après ?

Les nuits ont le goût de l'aventure, de la folie, et de l'urgence.
Les jours sans soleil s'évaporent.

Bientôt un retour à la vie normale…
Je me dois de noircir les pages, je les ai trop négligé, comme me le rappelle sans cesse mon éditeur.

J'allume une cigarette et Fée me jette un regard lassé.
Je fume à en avoir la nausée, car la nausée est le privilège du fumeur.
Les yeux vitreux, je songe à mon Prince et renverse un verre de lait fraise.
Fée accourt avec une éponge. Elle a l'habitude.
C'est gaffe sur gaffe en ce moment, heureusement les autres ne m'en tiennent pas rigueur, ils ont tort : peut-être qu'alors je cesserai de me haïr, mon corps est l'ennemi. Je le traîne comme un boulet.

L'incident est clos, Fée jette un regard amusé, cette histoire aura fait le tour de notre cercle d'ici deux jours, dernière d'une longue série et peut-être en effet que ce n'est pas si grave.
Alors je me blottis dans les vêtements trop larges du Prince, il est un peu magique.

J'aimerai en parler encore mais je ne voudrai pas vous indisposer.

Fée est joyeuse, elle attend le roi des sylphes, elle volette de-ci delà. Je crois qu'elle s'inquiète pour l'avenir, pour leur avenir, et tout ce que je peux lui dire c'est que je suis sûre que tout ira bien, que je l'aime.
Les mots ne me suffisent plus, les étreintes ne me suffisent plus, même le langage de la peau a perdu son sens, je suis un peu nostalgique car tout est plus beau dans nos souvenirs.
Tout a basculé.

Mais j'ai encore Fée, du temps et une cigarette, tout est bien.

Vendredi 24 août 2007 à 20:06

C'est (comme) un masque qui colle à chaque cellule de ton visage et tout est changé.
Il est posé à chaud, à même la peau, et ils savent que nul retour en arrière n'est possible. Alors ils grimacent avec leur méchanceté baclée.
Tout est déformé dans tes yeux, tu le sens jusqu'au creux de ton ventre, et au fond de toi tu sais déjà que tu n'as plus le droit de pleurer, jamais.
Et jamais, c'est long quand même.

Mercredi 22 août 2007 à 22:40

 

Il fallait bien que ça arrive un jour.
On le savait, bien sûr, on l'attendait, bien sûr, de l'oeil du futur père rivé sur sa montre qui attend le dénouement de cette lutte de chairs, à la fois impatient et inquiet (pour des raisons qui lui appartiennent, laissons-le seul avec ses aiguilles), l'horloge en moins, parce qu'on le sent venir, évidemment mais on est jamais vraiment sûr que…
On attend, puisqu'il n'y a rien d'autre à faire.
C'est comme une étape inévitable, un douloureux rite initiatique, un tout petit pas vers l'âge adulte, avec le sang qui va avec, car on ne peut grandir sans blessure.
C'est important, il paraît, on nous l'a suffisamment répété toutes ces années.
Et pourtant…

Et pourtant.
Qu'est-ce que c'est ?
Qu'est-ce que c'est sinon deux corps serrés d'un peu trop près, un baiser qui a mal tourné, des soupirs et des frissons.
Si peu de choses.

Tout cela semble tellement insuffisant.
Où sont les feux d'artifices de mon enfance, quand tout semblait merveilleux ?
Les mots insipides, les embrassades furtives et les étreintes avortées.
Un goût d'inachevé.
Aussi fort que l'on se serre l'un contre l'autre, deux être humain ne feront jamais un, n'est-ce pas ?

Bagatelle.

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