Jeudi 1er avril 2010 à 21:59

Je craignais son regard, devant lequel je me sentais nue, non qu’il fut particulièrement perçant ou scrutateur, mais parce qu’après ces années à le désirer, je n’avais pas appris à m’en défendre, j’étais la proie impuissante de ses yeux, je lui aurais donné tout donné, ma tête sur un plateau d’argent pourvu qu’il la veuille. J’étais nue devant ses regards, au lieu de lui sourire et de détourner la tête avec grâce lorsqu’ils se croisaient, je lui ouvrais la porte de mes iris, captive, tentant vainement de deviner ses pensées, tambourinant à ses pupilles, laissant mon âme à sa merci. Mais peut-être ne me regardait-il pas, peut-être que son regard se contentait de se perdre et croisait le mien par accident. Je ne le saurais jamais.

Samedi 27 mars 2010 à 12:52

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Andréas.
Cette fois, c’est fini pour de bon. Tu déménages, tu désertes mon univers, c’est ta mère qui me l’a dit, elle appelle parfois, pour prendre de mes nouvelles… quelles nouvelles ? Je ne suis pas à ma place ici, il fait trop beau, printemps et renouveau… Je sens la morsure du vent de décembre sur ma peau.
J’aimais croire que tu étais virtuellement présent, j’aimais imaginer que nous pourrions nous croiser au détour d’une rue, passer sous tes fenêtres parfois et y deviner ta silhouette, m’assoir sur le banc d’un parc où nous aurions dû aller et guetter tes contours dévalant les allées, pour me rejoindre. Enfin.
Nous avons consciencieusement gâché notre présent ensemble mais je me plaisais à rêver qu’il n’était peut-être pas trop tard.
Parcourir ces rues vides de toi…
Sans doute tu penses que ton départ est la meilleure chose qui puisse m’arriver. Pour TOURNER LA PAGE.
Ton absence a le goût d’une occasion manquée, on oublie pas si facilement quelqu’un qui s’est logé sous la peau. Cet engrenage nous a entrainés loin l’un de l’autre. Se manquer. Pour toujours. Car tu ne reviendras pas. Comment pourrais-tu ?
il n’y a rien entre nous, même pas de mot, rien que ce fil qui vibre en me disant « il est fait pour toi » et tu pars, le fil est coupé, mes jambes cèdent.
Tu ne reviendras pas, la flèche du temps ne revient pas sur ses pas.
Je continuerais à t’appeler dans la densité du silence, je chuchoterais ton nom au vent de décembre.
J’enverrais des bouteilles pleines de mes regrets, dis-moi que tu les ouvriras, que tu laisseras s’exhaler leur parfum amer et capiteux, dis-moi que je suis le souffle que tu entendras dans le vent de décembre, que nous aurions pu être faits l’un pour l’autre. Dis-moi que tu penseras toujours moi. Ce serait comme si on était un peu ensemble.

Jeudi 18 février 2010 à 15:42

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Femme. Un V qui laisse apparaître un zeste de peau, les yeux se perdent. L’attraction est à son comble, les sourires pleuvent. C’est agréable, et un peu amer. C’est amusant aussi. Tant que cela ne compte pas.
Femme. Vertige, fragilité maitrisée, boitillement stratégique. Claquements assurés, serviabilité contenue, un peu timide.
Femme. Satin qui s’échappe du tissu. Déférence discrète, galanterie d’un autre âge, brassé de roses.
C’est touchant et un peu anachronique, on pense distraitement que des hommes comme ça on en fait plus.
Femme. Un dos nu s’esquisse, laisse apparaitre un bijou à fleur de peau. Bijou d’épiderme. Gestes retenus pour toucher le relief du dessin. Jeu de rôle. L’un se dévoile, l’autre s’incline. Sensualité distante. Il y a dans les regards des gestes plus tendres que ceux des mains. Mots qui s’éteignent.

Jeudi 18 février 2010 à 15:35

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Ces soirées sur fond de roulement de tambour, toujours plus rapprochés, oppression croissante. On perd méthodiquement le peu de sens qui demeurait. Rires, chutes fumées. Les couleurs gagnent en intensité, elles sont brûlantes, rose orangé, bleu ananas. Les corps et les mots tanguent. Qu’importe tant que l’on est ensemble.
On peut s’amuser, tant qu’on est plusieurs. On plonge avec délice dans un jeu grandeur nature, un jeu où on n’a plus à être soi-même. Il n’y a plus à se retenir il y a juste à tenir la cadence. Les filles se sont faites belles pour ne lus avoir à parler, de toute façon leurs paroles sont couvertes par les pulsations.
On danse de concert, on fume de concert. Il ne s’agit pas de fréquenter d’autres êtres humains, il faut juste se laisser un peu aller, accueillir les flashs lumineux. Les tambours se rapprochent, jamais ils ne s’arrêtent, il n’y a plus qu’à rentrer.

Jeudi 18 février 2010 à 15:13

Une prépa, c’est parfois plein d’espoirs.
Au début de l’année, ça fait un sévère discours sur les fléaux qu’engendrent le retard et l’absentéisme, nouvellement promus péchés capitaux pour effrayer les bizuts.

Las ! Ils prennent de l’assurance à vitesse grand V et composent rapidement leur emploi du temps à la carte. La première victime de l’optimisation est la matière du sport.

Malgré une volonté de se mettre en quatre pour attirer les élèves, allant jusqu’à mettre en place une séance d’abo-fessiers, en un mois la moitié des effectifs s’offre une grasse matinée (en même temps, mettre le cours en première heure au milieu de la semaine, ça tient de la tentation).

Certains ont vite compris la combine et se lèvent pour 9h30 (heure de l’appel) : l’effort sportif le plus intense consistera à dire son nom et sa classe.

D’autres, plein de masochisme, se lèvent à l’aube pour échanger quelques volants au badminton voire bavarder pendant 2 heures, manipulant vaguement un ballon de basket, au cas où un professeur surgisse à l’improviste.

Au final, les valeureux lève-tôt seront récompensé d’un 17 totalement immérité et inutile.

Au moi de mai, il restera environ ¼ des élèves. En deuxième année, le cours de sport est de guerre lasse transformé en grasse matinée officielle.

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