Mardi 24 juillet 2007 à 23:24

Encore une lettre qui ne parviendra jamais à son destinataire.

Ce n'est pas facile de vous en parler, vous savez. Pas facile d'amener le sujet sur le tapis, doucement, insidieusement, sans en avoir l'air, sans faire de vague… Même pas sûre d'en avoir envie.

C'est dur, vous savez ? De vous voir me sourire, rire avec moi, même, et me donner une bourrade amicale et d'effleurer mes doigts et…
Et moi de sourire pareillement, mais…

J'ai envie de vous questionner, sur vous, ce que vous ressentez, et avez-vous des nouvelles de L., des deux L., d'ailleurs, et est-ce que vous pensez souvent à elle et si vous pensez parfois à moi, j'ai envie de scier consciencieusement la branche sur laquelle je repose, un miracle en équilibre, un pied sur l'écorce et l'autre à brasser le vent.
Peut-être vaut-il mieux ne pas savoir…

Vous êtes tellement gentil, tellement…
Impossible de savoir sur quel pied danser, de lire les augures dans les gestes que vous esquissez, l'espoir s'avance et se retire, comme une mer acide qui émousse les bords de mon coeur.

En êtes-vous seulement conscient ?

Je m'en veux, de m'imposer à vous, de ne pas pouvoir m'empêcher de vous toucher comme pour m'assurer de votre réalité, de vous agresser de mes gestes possessifs, je m'en veux de vous dévorer votre temps et votre espace, de vous faire attendre, de vous réveiller à l'aube, dans peut-être ce désir égoïste d'entendre votre voix, vos mots…
Je ne suis peut-être qu'un parasite.
Mais je vous aime, vous savez. À vos risques & périls.
Comme si cela me donnait des droits sur vous.

J'ai parfois le sentiment de me tromper, d'aller droit dans le mur. Et avec le sourire.
Que vous ne m'aimerez pas, quoi que je fasse, que je me trompe de sentiment, que les moments passés à vos côtés sont juste une façon comme n'importe quelle autre de consommer l'ennui, qu'aussi longtemps que je resterai avec vous ne sont qu'autant de leurres, parodies d'une quelconque relation, d'une quelconque amitié, et pourtant votre amitié c'est tout ce qui me reste.
Mais je me trompe… N'est-ce pas ?…

J'aimerai que vous cessiez d'être ainsi, fondamentalement adorable car telle est votre nature, car je ne peux m'empêcher d'y voir autre chose, le spectre de… mais je me trompe, n'est-ce pas, je sais qu'il n'y a rien, rien que mes chimères, j'aimerai que vous cessiez de m'accorder ces étreintes fugaces qui ne m'apportent qu'un réconfort teinté de tristesse, comme une friandise au cyanure.

Le mieux serait sans doute de prendre le large, n'est-ce pas, jusqu'à ce que vous ou moi changions d'état d'esprit.
Mais ce n'est pas si simple, pas vrai ?

Mardi 24 juillet 2007 à 22:50

Se laisser bercer par les chaos du train. Fuir ses problèmes, le passé, une fois encore. Regarder le paysage défiler et se perdre des yeux entre deux brins d'herbe, là bas, dans un champs.

Je suis lasse de me justifier.
Le bonheur, ça n'existe pas, ou alors juste pour les autres.
Ce que j'aime les trains depuis que tu…
Parce qu'ils me donnent le droit de n'être qu'une voyageuse. Une fille sans histoire. Une fille indigne des regards.

Toi tu ne me laissais pas être moi. Tu ne voyais que celle que tu imaginais que j'étais, que tu voulais que je sois.
Chacun de tes baisers, de tes mots, de tes sourires étaient teintés de mensonges.

Peu à peu, mon appartement se chargeait d'une odeur rance, un peu plus après chacune de tes visites, j'imagine que c'est là le parfum de la chair qui se décompose.

Tu n'es rien, F., rien qu'un amas de viande déliquescente, quelques os couverts de peau qui se meuvent tant bien que mal, hantés d'un vide abyssal.
Est-ce que ton existence avait le moindre sens ?
Plus le temps passe, moins je le crois.

Je ne pouvais plus le supporter, tu comprends ?
Je n'en pouvais plus de lire dans tes yeux ma propre chute.

J'étais belle, autrefois, sais-tu ? Tellement jeune, et gorgée d'avenir, d'ambition, j'étais vivante, vivante…

Tu m'as dévorée, F., tu m'as pris la main, puis tu as sauté à pieds joints dans le précipice.

Et tout ça, c'est de ta faute, c'est entièrement ta faute, c'est toi qui as tout réduit à néant, je le sais. Tu es l'unique responsable de ce gâchis, de cette corrida, de ce carnage.
Croyais-tu vraiment que j'aurai pu te pardonner ?

Ainsi s'achève mon mot d'adieu à un assassiné

Lundi 23 juillet 2007 à 22:50

(tout ressemblance avec l'univers d'Harry Potter n'est pas fortruite, mas on va faire comme si)

Ron. Je ne sais pas si tu seras en mesure de comprendre cette lettre.
Pardon, ce n'est pas ce que je voulais dire, je…
Enfin, tu sais. De là où tu es…

Je ne sais pas pourquoi je t'écris, d'ailleurs,  et pas à Harry, ou…
Ou plutôt, si, je sais.

Et puis Harry, depuis l'anéantissement de Voldemort, il n'est plus très… Enfin, pas vraiment…
Au moins, Ginny veille sur lui. Bien qu'il ne semble pas s'apercevoir de sa présence.

J'admire le courage de ta sœur. À sa place, je ne m'en sentirai pas capable…
Même si mon fardeau est au moins aussi lourd, je crois.
Et puis après ?

Bien des semaines, des mois sont passés depuis la Grande Bataille.
J'ignore encore à quelle carrière me destiner.
Tu serais surpris : ton Hermione si sûre d'elle…
Elles sont loin, les années où nous arpentions les couloirs de Poudlard avec indolence…

En ce moment, je suis en Bulgarie, je voulais rendre visite à Viktor et puis…
Je suis tellement lasse des visages familiers.
Même mes chers livres, qui m'ont tant guidés pendant tous ces années passées en ta compagnie, à toi et à Harry, ils ne me susurrent plus de tendres mots, rassurants et protecteurs, comme autrefois. Ils sont comme d'anciens compagnons qui m'araient lâchement trahis, ce ne serait-ce qu'effleurer leurs tranches du bout des doits, en souvenir des jours passés, me fait presque peur.
Peut-être m'avez-vous enseigné que les livres ont bien des pouvoirs, mais qu'il faut savoir s'en détacher.
Je le savais bien sûr, mais…
C'est tellement plus simple.

J'aimerai te dire que loin de toi, la vie n'a plus de sens, que tout est insipide, et bien plus encore, mais tout cela sonne tellement cliché.
Qui eut cru que tu me manquerais autant ?
Aucune importance, à présent.

Ici, en Bulgarie et dans toutes les autres contrées que j'ai foulé, je ne suis personne. Je ne suis plus Celle-qui-a-aidé-le-Survivant-à-terrasser-Voldemort. C'est reposant.

Tout est tellement… Gigantesque. Gigantesque et passionnant.
Ils ont érigés tant de monuments, tout est chargé d'histoire, de coutumes. Autant d'aspects différents de la magie…
En partant, je pensais juste voyager quelques temps mais à présent, j'envisage d'effectuer une sorte de tour du monde sorcier. J'ai tellement besoin de fuir…

J'ai envie de m'installer à Salem (l'Angleterre, Londres m'inquiète, elle est trop chargée de mon histoire, de mes souvenirs… Et de toi.). J'ai envie de faire des études d'histoire de la magie, bien que je ne sache pas où cela peut me mener (à part à être professeur mais… Je ne me sens pas faite pour enseigner.).
Le présent me dégoûte trop pour que je désire y rester.

Je ne me fais pas à ta mort, tu sais ?

 

Hermione

Déclaration: Cette histoire est basée sur des personnages et des situations qui sont la propriété de J.K. Rowling, de plusieurs éditeurs incluant, mais non exclusivement, Bloomsbury, Scholastic et Gallimard, et de Warner Bros Inc. Aucun profit n'est fait et aucune infraction aux droits d'auteurs ou aux marques déposées n'est voulue.

Samedi 21 juillet 2007 à 23:44

Il faut être fort.
Il ne faut pas pactiser avec l'ennemi.
Il faut sourire quand vous me parlez.
Il ne faut plus tomber.
Crois-tu.

Je suis ridicule, pas vrai ?
Juste une vitre, entre vous et moi, quelques mots et une cigarette.
Sans même y prêter attention j'imite ses gestes.
Aimez-moi.

Je n'ai plus très envie de traverser le miroir depuis vous.
Si seulement je pouvais ne plus tomber…
Hantée par le monstre qui fait tic trac.

 

Aimer, c'est tomber. Tout seul. Et se relever. Tout seul. (Justine Lévy)
Crois-tu.

Samedi 21 juillet 2007 à 0:07

Il y a quelque chose de terrible à regarder les arbres, parfois. À les regarder dans le vert des feuilles.
Les arbres ou tout autre chose, d'ailleurs.
Cette tout autre chose, on le regarde, on le fixe, on s'en imprègne, on le savoure.

Comme s'il n'y avait plus rien autour.
Mais il y a toujours quelque chose autour. Quelque chose à fuir, évidemment.


Il y a le vent qui le caresse, cet orme, juste là, devant moi, le même vent gifle mon visage.
Il est majestueux, les rayons du soleil d'été se perdent dans ses feuillages.
À ses pieds, un peuple d'herbes et de pâquerettes et de boutons d'or tous réunis pour l'acclamer. Et ses deux jeunes amoureux qui s'embrassent passionnément, appuyés contre son tronc. Pauvres idiots.

Alors, on fuit. On cavale sur l'océan de l'imagination.
On ferme les écoutilles, les oreilles sont inertes, pour ne pas sentir les mots acérés comme des éclats de verre qui sifflent dans le vent et se figent dans le cœur (un, deux, trois).

Quel bel arbre, tout de même. En a-t-on jamais vu plus beau ?
Et ces enfants qui dansent autour dans une gigantesque farandole.
Ils ne le font pas, naturellement. Mais ils devraient.

On se croit toujours protégé, par la peau et par les os, par les haussements d'épaules et les sourires sournois effilés comme des lames de rasoir, par l'indifférence et les petits rires légers, un peu désabusés, comme si ce n'était pas vraiment important. Mais alors pourquoi fermer les yeux et les oreilles à défaut d'enfermer le cœur et de pouvoir le jeter à la mer comme une bouteille gorgée d'S.O.S., si ce n'est pas important, si rien, n'est important ?
 
Les deux petits imbéciles ont déguerpis, on respire mieux.
Je me demande si le tronc de l'orme serait doux au toucher, s'il est saturé des graffitis de tous les gamins irrespectueux qui l'ont croisé, s'il serait indécent d'y graver vous + moi = ♥ mais cela a quelque  chose d'amer. Un goût d'amertume dans ma bouche.
 Je ne dois pas penser à ça.

Il bat fort, le cœur. On peut le blesser toujours plus, ça ne le dérange pas, il bat, il bat de plus en plus, il bat à vous déchirer la poitrine, boum boum, boum boum, boum boum boum boum boum…

Vous me parlez, mes yeux sont perdus dans un désert chlorophyllien. Rien n'existe que ce désert, et la tempête de sable qui balaye ma poitrine.
Moi ? Ça va. Bien sûr. Ce n'est jamais qu'un chagrin d'amour.
Et puis, tout n'est pas fini, n'est-ce pas ?
Dites-moi que tout n'est pas fini.
Et n'ayez pas l'air si chagriné, ce serait plutôt à moi de...,  ne me prenez pas ce qu'il me reste encore.


Respirer. Respirer très fort. Reprendre le contrôle. Esquisser un sourire. Puisque tout va bien.

Si on vous a dit que je vous aime, c'est un mensonge. Mais pour la tristesse...

(et si j'avais la mondre chance d'effleurer ton coeur entre mes doigts, alors...)

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