Jeudi 12 juillet 2007 à 23:47

J'ai quelques scrupules à me joindre à cette réception. Pénétrer ainsi la maison ennemie...
Ce serviteur est vraiment un ignare. Inviter ainsi les premiers venus, simplement parce qu'ils lui ont rendu service, puisqu'ils ont reçu quelques éducations, puisqu'ils savent lire...
En outre, je n'ai point le cœur habillé pour la fête.

Mercutio, lui, a le cœur toujours prêt à danser, à aimer la princesse d'un soir pour mieux l'égarer à l'aube.
Rien ne l'inquiète, tout l'amuse.
J'envie son insouciance, mais je dois avouer qu'à présent, et chaque instant d'avantage, tandis que je me languis d'une lointaine étoile, je sens toujours un peu plus les victoires que le temps emporte sur moi, à coups de d'années, de jours, d'heures et de secondes (une, deux...).
Tout ceci n'est qu'une grossière farce, et nos soirées épuisées en femmes et en vins ne sont qu'une manière adroite de reculer avant le précipice.
Ces distractions ne seront pas éternelles.
Un jour, l'avenir nous rattrapera et je crains tant cet instant qui s'approche, toujours plus près, tel un prédateur qui traquerait sa proie sans repos ni fatigue.
Nous sommes trop heureux, tout est trop facile, trop accessible, pour que nous ne payions chèrement le prix de nos délices.

Il n'y a que Mercutio pour trouver plaisant de pénétrer l'antre de nos ennemis.
Cette escapade ne m'attire guère.
J'eus aimé laisser mes amis s'y amuser de tout leur soûl et rentrer à pas lents vers ma demeure, le poids du monde et de la douleur sur mes frêles épaules : ce soir mon cœur est lourd et mes pieds ne semblent guère disposé à se détacher du sol.

Mais qu'importe, au fond, puisque Mercutio, mon ami, mon frère y tient tant, et puisque j'y verrais ma bien-aimée...
J'entre.

Jeudi 12 juillet 2007 à 23:42

Rosaline

Je t'en prie, ne jette pas cette lettre, prends au moins la peine de parcourir les quelques lignes écrites de la main tremblante d'un amant malheureux.

Je n'ignore pas votre voeu de chasteté et ce serment me tue à chacun de mes pas.

J'erre dans les rues désertées par vous, poursuivi par un démon qui porte vos traits.
Chaque femme que je croise, vieille ou enfante tout juste sevrée, chaque demoiselle très digne, chaque épouse, toutes m'évoquent vos traits et meurtrissent un peu plus mon coeur déchiré, je vous l'offre, je vous le sacrifie si seulement vous m'accordez un sourire.

Mes journées s'écoulent lentement, aucun être n'égaille mes marches sans fin ni but.
Je fuis ceux qui me divertissais tant hier, tant ils me semblent fades par rapport à vous, leurs jeux me lassent, vous êtes la seule qui puisse m'arracher à ma mélancolie, je n'ose me confier de peur qu'on me méprise, je ne veux laisser personne dénigrer le sentiment que je vous porte.

Vous occupez chacune de mes pensées, une journée sans vous voir, ce ne serait-ce qu'une mèche de cheveux, vous entendre, même un bruissement de l'étoffe de votre jupe, est un enfer plus grand encore que mes réveils à l'aurore, lorsque l'aube se confond encore avec nos chimères, que je vous croyais encore mienne dans ma folie et que lentement la réalité ne m'apporte qu'une couche vide de votre silhouette.

D'autres me pressent pour que je les prenne pour maîtresses, et pourtant vous êtes la seule qui compte.
Je deviens fou et si je quitte ma demeure c'est parce que je vous y ai trop imaginé, évoluant d'une pièce à l'autre, ô fantôme de mes songes, j'espère que mes pas croisent les vôtres à chaque coin de rue et mon cœur meurtrit meurt un peu plus chaque fois que mon espérance s'avère déçue.

Il me semble que vous ne me quittez pas un instant, tant je vous imagine marchant à mes côtés le jour, endormie entre mes bras la nuit, et pourtant j'ignore si vous avez conscience de mon existence.

Quel diable êtes-vous donc pour me torturer de cette façon sans daigner me laisser le moindre espoir de voir jamais ces stupides délires se réaliser ?
Êtes-vous magicienne, pour m'ensorceler ainsi, me ligoter à vos pieds, sceller mon âme dans une cage de cristal dont la serrure porte votre nom, êtes-vous humaine, pour me regarder mourir asphyxier dans ma prison sans faire un geste pour me délivrer ?

Non, vous n'êtes pas humaine, votre beauté l'atteste, votre sagesse le prouve.
Comment pourriez-vous avoir la moindre goutte de notre sang, nous imparfaites créatures qui souillons la terre de notre impureté, vous l'ange, vous la perfection, on vous admire et pourtant personne ne vous ressemble, vous êtes au-dessus du genre humain.
Comment vous résister ?
Est-ce Dieu qui vous envoie, ou le Diable, vous qui enseignez le véritable sens du mot « beauté » à quiconque pose les yeux sur vous.

J'ignore si avoir un jour contemplé vos traits est un malheur ou une bénédiction.

J'imagine que je ne suis pas le premier à vous courtisez, merveille que vous êtes, cependant je vous supplie, je vous conjure, si ce n'est d'abandonner votre voeu d'austérité, et de célibat, au moins daigner m'adresser quelques mots, m'accorder quelques heures de votre temps, laissez-moi boire quelques gouttes de votre beauté, m'enivrer à la douceur de votre voix, vous toucher, peut-être, effleurer votre blanche main de mes lèvres froides et grossières, et me résoudre à vous abandonner à regret, pour n'attendre que le prochain instant béni que vous m'offrirez.

Je ne vis que dans l'attente d'une réponse de votre part, un mot, un signe, un battement de cil de vous pour moi, un fragment de vous, de votre attention, à chérir dans le secret de mon esprit malade et torturé.

Adieu, ô belle Rosaline, sachez que si un jour d'aventure vos pensées s'égarent vers moi, soyez assurée qu'à cet instant je penserais à vous

Roméo Montaigue

Jeudi 12 juillet 2007 à 23:40

Je m'appelle Juliette. Juliette Capulet.
J'ai quatorze ans.
Ma vie jusqu'ici a été d'un mortel ennui.
Les jours s'écoulent lentement, inexorables...
Il paraît que, dehors, notre famille se déchire avec une autre, les Montague.
Mais tout ça m'est bien égal.
Mon père me protège du monde extérieur, notre jardin est mon seul horizon, et c'est bien comme ça.
Je suis trop bien ici pour vouloir sortir.
Il paraît que mon père souhaite me marier à un certain Pâris, ma mère me presse pour que j'accepte.
Comment le pourrais-je ? Je ne connais même pas son visage.
Après, bien sûr que je rêve au grand amour. Le rencontrerais-je jamais ?
Il est tellement plus simple de rester fille.
Je n'ai qu'un voeu : que demain soit en tout point semblable à aujourd'hui, sans surprise ni anicroche, et qu'on me laisse rêver des heures près des roses et des bleuets.

Il paraît que mon père donne fête ce soir, on m'enjoint à m'y rendre.
Mon « prétendant » m'y sera présenté.
Cela m'ennuie profondément mais j'irais.
Juste pour plaire à mon père.

Jeudi 12 juillet 2007 à 23:12

J'allume une cigarette et je me poste à la fenêtre.
Là-bas, le ballet incessant des véhicules de tous ces gens qui croient encore que la vie a un sens.
Un nuage gris traverse mon champ de vision.
A-t-on jamais vu plus beau que de la fumée ?

On sonne.
Dois-je vraiment répondre ?
Je suis lasse de toutes ces visites, de tous ces... amis...
Ne comprennent-ils pas que la seule dont j'ai besoin partage mon appartement ?

On insiste. Deux coups brefs, un long. C'est elle.
J'écrase ma cigarette.
Elle a dû oublier ses clefs. Comme toujours.
J'aime bien lui ouvrir.
Comme ça, je peux la serrer dans mes bras plus tôt.
Et elle le sait.
Pourquoi croyez-vous qu'elle égare ses clefs ?

Elle a les cheveux ébouriffés, ses joues sont fraîches.
C'est bon de la voir.

Elle sort du frigidaire la bouteille de lait du frigidaire et en remplit son verre préféré, celui où elle a peint des fraises, un jour d'ennui.
Je m'installe sur notre vieux canapé élimé et contemple le grand poster de la mer du Japon qui trône face à moi, au dessus de notre grande télévision (Une folie, pour fêter l'acquisition d'une table qui nous plaise à toute les deux. Futile. Je sais.), j'attends qu'elle me raconte sa journée en sirotant à petites gorgées mon café trop chaud et trop noir. J'adore.

Elle revient d'une manifestation pour la cause des dauphins emprisonnés dans trois mètres cube d'eau chlorée, pour satisfaire les rêves imbéciles de quelques touristes fortunés qui veulent nager avec les cétacés.
Elle est scandalisée, comme toujours, et me demande où j'ai rangé mon ordinateur portable : elle a une lettre à écrire, pour exiger auprès de je-ne-sais-quel président la libération de prisonniers politiques, ou quelque chose comme ça, elle me demande aussi si j'ai des nouvelles de mon éditeur, et si mon manuscrit avance, et si elle peut le lire s'il te plaît.
Comme si j'étais capable de lui refuser quelque chose.
Elle me demande si je vais travailler au café, demain. Comme si elle l'ignorait.
Mais je sais qu'elle espère qu'on pourra passer la journée ensemble, demain. Quand même. Même si elle sait que ce n'est pas possible.
Je lui répond que j'ai envie d'ouvrir un café, ici, à l'appartement, que ce serait le rêve, ou même déménager, racheter l'appartement d'en dessus et d'en faire un bar, ou même un cyber-café, un café-philo, un café-bibliothèque, que sais-je, ça serait parfait, hein, Fée, ça serait parfait.
Un café privé, connu de quelques initiés, des érudits, l'élite, personne de vulgaire, des jeunes engagés, débordants d'idées, des ados prêts à débattre pendant des heures, des savants, des auteurs, des professeurs de français, on aurait le droit d'y fumer, rien d'officiel, juste du bouche-à-oreille, une société secrète, un salon des temps moderne, le café de Flore entre nos quatre murs.
Et elle soupire avec béatitude, comme si c'était la première fois que je lui en parlais.

Elle babille encore un peu, tout en s'agitant, en ouvrant et fermant les placards sans rien toucher, décalant parfois un ou deux objets de quelques millimètres, s'interrompant parfois au milieu d'une phrase pour boire une gorgée de lait, elle s'arrête enfin, j'entends le déclic d'un briquet, et elle repart, la tornade s'immobilise à côté de moi dans le canapé, et étendue, abandonnée, calme enfin, elle porte le filtre à ses lèvres, tire une longue bouffée, et dit « C'est bientôt qu'on va la voir, la mer, hein. » et j'approuve, les billets sont sur le bureau, elle voulait les encadrer, je lui ai dit que ce ne serait pas très pratique à l'aéroport et elle a éclaté de rire.
« Il arrive bientôt. »
Comme si elle avait besoin de me le rappeler.
Je vais ouvrir la porte, il entrera bien s'il veut, qu'ils entrent tous, moi tout va bien, une porte s'ouvre, la petite des voisin court me serrer dans ses petits bras, je la garde souvent, elle est tellement mignonne, sa mère me salue d'un sourire et les portes de l'ascenseur se referme sur elles, j'allume une cigarette, je m'installe à côté de Fée, torpeur, et on reste là quelques instants, assises l'une à côté de l'autre, sans un mot, tirant à tour de rôle sur nos filtres respectifs, puis soudain elle achève la sienne, la pose machinalement dans le cendrier, sans rien dire, sans l'écraser, elle oublie souvent, elle met un CD, bientôt les premières notes de Sleeping with ghosts retentissent, elle sait que c'est la chanson dont nous avions besoin, on savoure les décibels, il entre, « salut les filles », il a un sac du traiteur asiatique du coin de la rue et dans l'autre main un carton à pâtisserie, je suis sûre qu'il a oublié que Fée, n'aime pas manger chinois.
On se débrouillera.

Ni Fée ni moi ne nous levons pour l'accueillir, tant pis, il a l'habitude, il se glisse entre l'accoudoir et moi, me prend dans ses bras et me saupoudre le cou de baisers, il sait que je déteste ce genre de déballage en public, ça ne l'a jamais gêné. On fait avec.

Encore un après-midi à refaire le monde.
Je lui souffle ma fumée dans la figure.
Il déteste.
Tant pis.

Jeudi 12 juillet 2007 à 23:10

Machi

 

Comment vas-tu ?
J'ai eu Kakeru au téléphone, et incroyable mais vrai, il m'a tout de suite parlé de toi (après avoir quelque peu tergiversé, ça tombe sous sens... Rappelons que c'était Kakeru...).
Toutes mes félicitations. Je suis sûre que tu seras heureuse.
Parce que tu le mérites.

Moi ? Oh... Je survis. Je traîne mes talons usés dans les larges allées de cette ville inconnue et familière. Je passe des heures à fumer dans des cafés miteux en pensant à toi, à nous, à la distance qui nous sépare et que tu me manques mais que ce n'est pas grave, je pense à tout, tout. Parfois je range des cartons poussiéreux au fond d'une arrière-boutique sans lumière, aussi, j'étouffe. Il faut bien vivre.

Mais ça va, tu sais. Je ne suis plus seule.
Oh, ne crois pas qu'il m'ait remarquée.
Ça fait longtemps que j'ai semé sa silhouette parmi les méandres de la foule.
Ce n'est pas grave.
Même pendue à ses lèvres, mes doigts crispés sur ses épaules, les ongles plantés dans sa peau... il aurait égaré mon nom.
Mais ça m'est égal.
J'ai rencontré quelqu'un.
Ne crois pas que je sois retombée amoureuse, Machi.
Pas déjà.
Ce que je ne ressens n'a rien à voir avec l'amour.
Ce que je ressens est bien supérieur à l'amour.
C'est un coup de foudre. Un coup de foudre en amitié.
Ça peut sembler soudain, mais je crois que cela fait longtemps qu'il avait pris racine dans mon coeur. Depuis toujours. Depuis toujours, je l'ai attendu.
Elle s'appelle... Oh, peu importe son nom.
Sache juste qu'elle est ma fée. Oui, ma fée.
Elle me ressemble tant que parfois ça m'effraye.
Nous parlons le même langage, j'ignore comment elle le connaît (nous n'en avons jamais parlé, nous n'en avons pas le temps, nous avons trop à partager. Juste pour le plaisir de se découvrir d'insignifiants points communs.), peut-être que ce sont juste nos coeurs qui parlent.
Elle n'est pas comme toi, Machi.
Elle est intarissable, claire, franche, limpide. Révoltée.
Elle a gardé quelque chose des années passées sans être puérile. Ni naïve.
Je crois que c'est une vieille enfant, de ces gosses qui comprennent mieux les adultes qu'ils ne se comprennent eux-mêmes, qui pigent tout tout de suite et qui énervent les vieux parce qu'ils n'ont pas l'air fragile. Pas comme les autres.
Parce qu'on ne peut pas les bousculer sans s'excuser.
Elle n'accepte pas le monde des grands, ses contraintes, ses absurdités, et je la comprends.
Parce que nous sommes pareilles.
Parfois, je me dis que j'ai eu de la chance de la rencontrer. De ne pas la rater.
Et je plains tous ceux qui ne nous comprendrons jamais.
Parce qu'ils ne seront jamais complets, c'est sûr.
Comme j'aurais pu être bancale, sans elle.
Je ne la vois pas assez souvent. Aucune importance.
Parce qu'elle volette sans cesse au coin de mes yeux. Parce que je n'ai pas besoin de sa présence pour être près d'elle.
Parce que bientôt on s'installera ensemble et rien ne nous séparera jamais.
Parce qu'elle est une fraction de moi et que je porte quelques grains de ses atomes dans mon coeur.
Il y a des amis qui viennent à toi par hasard, par nécessité, et d'autres qu'on choisi par amour.
Plus je le lui dis, plus je l'aime.
Et je crois que c'est réciproque.
Les élus. Le sacre.
Parfois j'ai besoin d'elle, de sa voix, de ce qu'elle cache derrière ses longs cheveux noirs, sous ses ailes magnifiques et grandioses, je décroche mon téléphone, nous parlons des heures, tu verrais ça, Machi, toi si réservée, si taciturne, des heures, peu importe ce que nous disons, on a rien à se dire, on a tout à échanger.
Tu es ma meilleure amie, Machi (même si ce n'est pas réciproque), la plus ancienne, la plus éloignée.
Tu sais.
Beaucoup d'amour, un peu d'amitié.
Elle, elle est encore au-dessus de ça.
Parce que rien que de l'amour. Rien que du bonheur.
Parce qu'elle et moi, on est du même type.

Je ne suis plus seule, Machi.
J'ai une amie. Une autre.
Une amie de banc, une compagne de solitude, et elle m'a volé un fragment de moi, si tu savais, et parfois je me sens à ce point morcelé que je me demande comment je peux encore tenir debout.
Nous ne parlons pas beaucoup, elle et moi. Peut-être qu'il y a quelque chose de toi au fond de ses yeux.
Notre amitié n'est pas fondé sur cet espèce de brouhaha perpétuel que certains croient indispensables, faire du bruit et prendre de la place pour combler le vide (ne les confonds pas avec ma fée).
On se comprend, je crois.
Parfois, on échange quelques mots, et on se regarde, longuement.
Parce que ce sont les mêmes phrases qui naissent de nos lèvres. Parce qu'on ne sait plus très bien qui a parlé. Parfois.
Parce que parfois, on ne sait plus très bien où s'arrête l'une et où commence l'autre.
On se comprend, ou peut-être qu'on se complète. Un peu.
Je l'ai croisé, un peu par hasard, un peu par accident, dans un square, sur un vieux banc tout sale à la peinture écaillée, et je me suis assise à ses côtés, comme ça, pour rien, et on se retrouve, parfois (souvent ?), lorsque nos coeurs s'appellent, par coïncidence, peut-être, peut-être qu'il y un petit harpon dans nos coeurs qui nous tire l'une vers l'autre.
Premières cigarettes, achetées le coeur battant, conscientes de braver un interdit (mais qu'est-ce qui est encore interdit ?), un après-midi d'ennui, peut-être, un après-midi à tousser et à finir le paquet. Convulsivement. Sans rien dire.
Ce que j'ai mal à la tête.
Et tu sais ? Elle aussi court après une chimère.
Je fuis. Elle s'accroche.
Nous sommes stupides.
Merci.

Ne crois pas qu'il y ait de hiérarchie entre elles, entre vous.
On ne préfère pas son bras droit au gauche. On ne préfère pas un débris de coeur à l'autre.

Je t'aime, Machi.
Et le pire, c'est que j'oublie de te le répéter, de te soûler avec, parce que l'amour est un sentiment parfois pénible, au point de vouloir s'y noyer. Se noyer.
Je sais que tu comprends. Je sais que tu l'aimes.
À ta manière.
Et rien que ça, c'est tellement beau.
Je t'aime. Je ne te le dirais jamais assez. On n'aime jamais assez quelqu'un.
Parce que l'amour, c'est immense.

Je ne serais plus seule, Machi.
Pas tout de suite.
Un garçon, cette fois.
Et ce n'est pas un ami.
Nous ne parlons pas avec les mêmes mots et il me dit qu'il m'aime.
Est-ce un tort ?
Il est gentil, adorable, il aime me serrer dans ses bras, et parfois, je l'embrasse.

Mon coeur a trouvé un port où s'ancrer.
Un grand. Un beau. Il est immense.
Une chaîne m'accroche au rivage. Et chaque maillon est une personne magnifique.
Tu es un maillon de cette chaîne, Machi.
Et tu es magnifique. N'en doute jamais.

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