Jeudi 12 juillet 2007 à 20:50


Machi


J'ai le coeur au bord du suicide.
Je n'irais pas te rejoindre, tu sais.
Tu le savais n'est-ce pas... Tu me connais.
Je le suis. C'est un fantôme. Certes. Une ombre. Une illusion.
Et j'aimerais te dire que je rêve.
Beautiful Nightmare.
Je me transforme, Machi. Même toi, tu ne me reconnecterais pas.
Mes ongles noircissent, mes yeux se cernent.
J'ai laissé les couleurs sur ton île, Machi.
Nous ne partageons plus le même État.
Je suis dans un tas de métal. Il me porte. Europe.
Et je j'ignore la date de mon retour. Est-ce que je reviens.
Et tout à coup, c'est comme si ce qu'il était se révélait à moi. Nous ne sommes qu'un. Nous nous rapprochons dans mon imagination malade.
Je ne comprends plus.
Désespérée. Je sais.
Je suis la groupie d'un homme ordinaire.
Ordinaire, oui. Je l'aime. C'est suffisant.
Tellement naïve...
J'ai honte, tu sais.
Un couteau planté dans la poitrine.

Si seulement... quel espoir stérile.
J'abandonne, Machi. Je me dégoûte.
Chaque jour, mon assiette est plus vide et j'en suis fière. Stupide satisfaction.
Bientôt, je serais libre. Je poserais le pied sur cette terre où personne ne me connaît, où je ne connais que lui, ne sachant que dire, ne sachant que faire.
Inutile créature.
Bientôt, je serais libre de m'enchaîner à quelqu'un qui n'en vaut pas la peine.
Je sais.
Je sais qu'il ne m'accordera jamais un regard.
Dommage que le hublot de l'avion soit si petit. J'aimerais me fondre dans les nuages.

Jeudi 12 juillet 2007 à 20:49

Tu sais que tu me manques ?
Comme j'aimerais fuguer, m'enfuir, te rejoindre. Je veux être libre, Machi.
Tu es inaccessible.
Toutes ces chaînes qui m'entravent... Qui nous entravent.
Tu me manques. Machi.
J'aimerais me remémorer nos souvenirs communs, mais je crois que je n'en ai plus. Que je n'en ai jamais eu.
Même près de moi, tu étais loin, hein ?
Comme j'aimerais que tu m'invites dans ton univers. Mais toujours je me heurte aux barreaux de ta pudeur.
Tu es comme ça, Machi. Je ne suis pas celle dont tu as besoin. Je devrais l'accepter.
J'imagine.
Mais merde, Machi ! Qu'est-ce que tu es ?
Quel gâchis d'avoir passé autant de temps à tes côtés pour m'apercevoir que tu es en fait une parfaite inconnue. Étrangère. Comme ces mots font mal, ils me blessent.
Et savoir que toi, tu... Que ça ne t'atteint pas, que rien ne te touche, que tu es dessus de ça, au dessus de moi...
Je me plonge dans ma mémoire mais même tes traits y sont flous.
Putain Machi. Si tu savais...
Je n'en peux plus. Vraiment. Et je sais que tu comprends.
L'encre tache mes doigts. C'est peut-être mes larmes qui coulent.
Oui, peut-être.
Machi. J'ai pris une décision.
J'en ai assez d'ici, de tout.
J'ai un rêve, Machi.
Et je rentre le rejoindre.
Je rentre chez nous.
Je rentre chez toi.
Rien ne nous séparera jamais.

Jeudi 12 juillet 2007 à 20:48

Machi

 

Le paysage défile par la vitre.
Je suis dans le train.
Confortablement enfoncée dans mon siège, écouteurs aux oreilles, je m'enferme dans une bulle de musique et de solitude.
Je ne te dirais pas où je vais, ni qui je vais rejoindre, encore moins ce que je vais devenir.
Peut-être parce que je l'ignore. Qui sait.
Je suis presque bien, ici. Pour une fois.
Je n'ai besoin de rien... rien n'a besoin de moi...
La fenêtre me happe, je m'échappe.
J'ai envie d'un thé. Sans sucre. J'ai presque faim.
Non, je n'ai pas faim. Je n'ai pas besoin d'avoir faim. Je n'en ai pas le droit.
La faim m'est étrangère. Totalement étrangère.
De toute façon...
Et toi, Machi ? Est-ce que tu vas mieux ? Je le sens. Je le sais. Racontes-moi.
Kakéru m'a demandé de ne pas partir. Pour toi.
Comme si ça changeait quelque chose.
Il m'a parlé de la présidente de l'association, une certaine Yun-Yun (drôle de prénom).
Tu t'entends bien avec elle ? Est-ce vrai qu'elle s'habille comme un homme pour raisons familiales ?
Si je te pose toutes ces questions, c'est que je ne sais pas s'il m'a dit la vérité.
Je n'arrive jamais à discerner les moments où il plaisante de ceux où il est sérieux.
Vas savoir pourquoi.
Je dois te laisser, Machi. Le train s'arrête.
Peut-être que je suis arrivée à destination.

 



Peut-être.

Jeudi 12 juillet 2007 à 20:47

Machi

 

Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, hein ?
Parfois, j'ai l'impression que tu fuis. Tu as peur ? Tu as peur de moi ?
Non, c'est moi qui ai peur. J'ai peur que tu partes loin de moi, là où je ne peux plus t'atteindre.
J'aimerais tellement savoir ce que tu penses, Machi.
Je sais que tu ne vas pas bien. Et pour une fois, je te comprends. Moi non plus, ça ne va pas bien, tu sais. Pas bien du tout.
J'ai mal au ventre Machi. Une sale boule qui me tord l'estomac.
J'ai peur Machi. J'ai mal. J'ignore pourquoi.
Viens vite, Machi... Aujourd'hui, c'est moi qui ai besoin de toi.
Tout à l'heure, en cours, je...
Je suis partie, Machi. J'ai encore quitté la salle de classe.
Je refuse d'être un spectacle.
C'est pitoyable, hein ?
Je ne voulais pas, tu sais. J'ai juste le coeur qui déborde, parfois.
Je voulais venir te voir, à la sortie du lycée, te parler, te...
Tu me manques, tu sais.
Et puis, non. Tu as ton association, hein. Comme souvent. Comme toujours.
Alors...
Pourquoi me prend-t-on tout ce qui me reste ?
Machi.
Je suis dans ce café, celui devant lequel on passait si souvent. Avant.
Siroter des litres de café à l'eau de vaisselle en regardant passer les gens.
Putain quelle connerie.
Je t'écris sur cette table labourée des graffitis de tous les clients d'un jour ou d'une vie, tous les morceaux d'existence gravés dans le bois, et moi je ne suis rien, tu m'entends, même avec un couteau je n'aurais rien à mettre, il ne reste plus un centimètre carré d'espace, pourquoi ne me laissez-vous pas de la place parmi vous, pourquoi ne me laissez-vous pas vivre ?
Ça y est, il pleut.
Quel temps admirable. Quelle myriade de couleurs.
Les autres se réfugient sous leurs parapluies ridicules, leurs capuches pitoyables, leurs chapeaux dérisoires, courent vers un porche, le café... Déjà trempés.
Quelle connerie.
Les haut-parleurs crachent leur musique sirupeuse, les rideaux sont framboise à la crème.
J'ai envie de vomir.
Je me bourre d'eau chaude aromatisée à la caféine synthétique pour oublier mon ventre vide, qui se tord, se tord...
Je n'ai pas envie de sortir. Je ne suis pas bien, ici, mais c'est toujours mieux qu'ailleurs.
J'aimerais être seule.
Vous m'étouffez. Vous m'étouffez, tous.
Machi. Je sais que toi aussi tu es perdue dans la foule.
Je vais partir, Machi.
Je vais quitter le café, le lycée, la ville, la région. Peut-être le pays.
Je déménage, Machi.
Je vais être triste et seule ailleurs.
Je vais partir loin de toi ; Machi.
Je ne t'oublie pas.
Comme si tu en avais envie.
Je t'écrirais toujours, bien sûr. Et je sais que ça t'est égal.
J'en ai besoin, tu sais.
Chuis triste, Machi. J'ai tellement peur.
Je sais que tu peux comprendre ça.

 

 

 


Ne m'oublie pas.

Jeudi 12 juillet 2007 à 20:46

Chuis triste Machi.
Chuis triste, parce qu'une fois encore, je n'ai rien pu faire pour toi.
Tu as encore grandi, sans moi, je sais. Je n'ai rien pu faire.
Je n'ai rien pu faire, tu m'entends, je ne peux jamais rien faire. Ne rien faire pour toi. Jamais. Ça me tue.
Je suis passée chez toi ce matin, pour te voir, pour... Je ne sais.
Tu étais au lycée, n'est-ce pas ?
Comment je fais pour oublier tous ces détails ? Toujours ?
Pourtant, les détails, c'est tout ce qu'il me reste.
L'ordre, c'est toujours pas ton fort, hein ?
Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce détail-là, il ne s'améliore pas.
J'ai rangé, un peu. Tu ne verras sans doute pas la différence.
C'est pas grave.
Ça me rassure de croire que j'ai fait quelque chose pour toi.
Ça se passe bien, là-bas ? À l'école, je veux dire.
Je ne vois plus beaucoup Kakéru, tu sais. Ça ne m'inquiète pas mais... J'aime tellement avoir de tes nouvelles.
Il a quand même trouvé le temps de me dire que tu fais partie de l'association des élèves. Il ne m'a pas dit quel y est ton poste. Quel bon à rien.
Je l'appellerais bien pour creuser le sujet, mais tu sais bien qu'il est pire au téléphone qu'en face de soi.
Et toi... je n'ose pas. J'ai tellement peur de te déranger.
Alors, cet idiot est avec toi, à l'association ? Ça me rassure un peu. Même si cet imbécile doit être plus un poids qu'autre chose.
Tu n'es pas seule, Machi.
Je dois te laisser, Machi. Je me sens un peu mieux, mais mon ventre se sert un peu alors que j'écris ces lignes.
Chuis triste Machi. Je n'ai pas grand-chose à te dire. On n'est plus grand-chose, toi et moi, hein ?
Je t'aime Machi.
Même si ça ne t'apporte rien, souviens-toi de ça.
Souviens-toi de moi.

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